Cela faisait quinze ans que le Codex de Riva n’était plus disponible en France, et pour les trente ans de la saga, il a enfin été réédité avec une nouvelle couverture et une nouvelle mise en page.
Après le succès de la Belgariade, puis de la Mallorée, David et Leigh Eddings, poussés à la fois par leur éditeur et les nombreuses lettres de fans en tout genre (professeurs, apprentis écrivains ou lecteurs de la première heure), décidèrent de faire paraître le Codex De Riva, qui regroupe tous les travaux préliminaires qui ont servi à l’écriture de la saga.
C’est ainsi qu’après une longue introduction, où David Eddings explique son parcours littéraire et ce qui l’a poussé à écrire la Belgariade, nous découvrons tout d’abord une histoire abrégée de Belgarath le Sorcier puis différents récits qui vont des livres saints des différents peuples jusqu’à l’organisation de ces mêmes peuples, et qui constituent la première partie de ce livre. Comme ce sont des documents de travail, qui n’avaient pas vocation à être édités, ils sont parfois incomplets ou semblent s’arrêter brusquement.
Entrecoupées de cartes et d’illustrations, ces histoires nous permettent de mieux comprendre la genèse de la Belgariade et l’histoire de certains peuples ou personnages que l’on croise lors de pérégrinations de Garion.
Eddings profite du changement de série pour faire un petit interlude où il explique toute la place que sa femme a pu prendre lors de ses récits, et l’aide précieuse qu’elle lui a apportée, en finalisant avec lui les livres. Sans elle, il est évident que la saga ne serait pas ce qu’elle est, et elle lui a permis de rendre encore plus crédibles les personnages féminins qui ne sont pas « de simples demoiselles blondes en détresse ».
Les deux dernières parties se concentrent sur les documents relatifs à la Mallorée avec les Oracles de la Mallorée, sous forme de livres individuels et des extraits du journal d’Anheg de Cherek. La mise en page des livres des oracles est originale, n’occupant pas la page entière, et chaque pied de double page est orné d’un cartouche horizontal différent pour chacun des cinq livres. Le journal, quant à lui, est orné de plumes dessinées dans les marges. Cela rend la lecture encore plus agréable et immersive.
Le Codex de Riva n’est pas une lecture indispensable pour apprécier la Belgariade et la Mallorée. Mais c’est une lecture indispensable pour ceux qui auraient l’idée d’écrire une saga de fantasy. Car pour réussir à terminer d’écrire ce genre d’histoire, le mot clé est « préparation ». Grâce à ce Codex, le lecteur ou l’apprenti écrivain peut se rendre compte que tout a été mûrement réfléchi en amont et que si les aventures de Garion ont connu un tel succès c’est grâce à tous ces travaux préparatoires.
Bien sûr, ce n’est pas une formule magique, mais une question de bon sens et le Codex ne donne pas une recette à suivre, mais juste la façon de faire de David et Leigh Eddings. Personnellement j’aime beaucoup découvrir comment les écrivains font pour raconter des histoires, et je dois dire que je me suis régalée en lisant le Codex, car on y découvre des tas de choses qui n’ont pas forcément été exploitées dans la Belgariade ou la Mallorée.
Et pour terminer, je vous livre ici les dix points clés qui permettent de composer une œuvre de telle ampleur selon Eddings :
1. La religion (polythéisme, monothéisme...)
2. La quête
3. L'objet magique (Le Saint Graal / L'anneau unique / ...)
4. Le héros
5. Le sorcier (Gandalf, Merlin, Belgarath...)
6. L'héroïne
7. Les forces du Mal
8. Les compagnons, souvent un échantillon représentatif de toutes les races du monde
9. Les intérêts romantiques des personnages
10. Les rois, reines, empereurs, généraux qui dirigent le monde
