Les Chroniques de l'Imaginaire

La voleuse (Les rivières du passé - 1) - Desberg, Stephen & Corboz, Yannick

Blois, à une époque que l'on ne saurait déterminer. Un homme masqué, qui se fait appeler Maître Worn, est accompagné d'un homme d'église, pour visiter ce qu'on ne peut appeler autrement qu'un véritable charnier. Bientôt, des survivants se manifestent, pour être aussitôt emportés par des êtres monstrueux, appelés les Shayks. L'homme d'église est terrorisé, alors que Worn a une influence sur ces êtres démoniaques... C'est maintenant à Chaumont que les deux hommes se rendent, afin d'y fomenter un plan pour envahir Paris...

Paris, de nos jours. C'est sur les célèbres toits parisiens que l'on fait la rencontre de Lynn, jeune femme, voleuse invétérée, qui a le don de ne pas se faire remarquer, malgré une plastique pour le moins avantageuse. Lynn parvient à forcer l'entrée d'une demeure cossue, à l'image de Catherine Zeta-Jones dans Haute Voltige, et à mettre la main sur un petit scarabée en or, appartenant au propriétaire des lieux, un certain monsieur Argonovitch...

Lynn rencontre le personnage en question, entouré d'hommes de main, et lui rend le scarabée égyptien. Elle a juste pris cela comme un exercice, histoire de mieux connaître l'homme qui lui confie une nouvelle mission, qui sera de suivre et récupérer ledit scarabée, auprès d'une étrange femme, appelée Lamia. Justement, une exposition a lieu non loin d'ici, et c'est là que la rencontre se fera...

Lynn ne sait pas encore que Lamia et ses compagnons viennent d'un Paris bien différent. Une capitale où toutes les attentes sont posées sur le Chevalier Cerf, un être qui représente un rempart particulièrement efficace contre les monstres qui viennent du Sud. Des monstres que Lamia a déjà vus, qui ont envahi l'Egypte, mais également Venise, et qui se rapprochent peu à peu, mais inexorablement, de Paris.

Toujours est-il que Lynn parvient à voler le scarabée à Lamia, et qu'une course poursuite s'engage, avec également Argonovitch et ses hommes. Lynn n'aura pas d'autre choix que de suivre Lamia à travers une immense porte en bois, tout à fait étrange. Elle ne sait pas encore que la porte en question mène vers un tout autre Paris, bien loin de la capitale que l'on connaît tous. La crainte envahit la capitale, alors que les Shayks sont de plus en plus nombreux dans les égouts de la capitale, outrepassant d'ailleurs largement ce qui était convenu avec Worn...

Les éditions Daniel Maghen ont pour habitude d'éditer des livres pour le moins spectaculaires, avec souvent des auteurs de renom. Clairement, ce n'est pas ce premier tome de Les rivères du passé, scénarisé par Stephen Desberg et dessiné (et mis en couleurs) par Yannick Corboz (Célestin Gobe-la-Lune, L'assassin qu'elle mérite...), qui fera figure d'exception à la règle.

Ainsi, on passe allègrement, et sans la moindre difficulté de compréhension, entre un Paris plutôt actuel (hors Covid toutefois !) et un pays qui est bien plus moyenâgeux, tout en étant sous la menace de ces maléfiques créatures, qui semblent être contrôlées par un personnage tout aussi mystérieux. On varie ainsi les lieux et les plaisirs, sans pour autant changer d'époque, ce qui laisse à Yannick Corboz un terrain de jeu intéressant pour faire montre de tout son talent graphique.

Et l'auteur de L'assassin qu'elle mérite (avec Wilfrid Lupano au scénario) ne se fait pas prier : les planches sont de toute beauté, avec des cadrages à couper le souffle, des silhouettes parfaitement maîtrisées, et du mouvement qui parviendrait presque à sortir du livre ! L'auteur se régale graphiquement, cela se ressent, avec des personnages aux expressions soignées, et au look franchement accrocheur.

Au niveau du récit, les auteurs parviennent à nous garder avec eux sans problème, malgré la multitude de lieux visités. Cela a l'air simple, et ce n'est sans doute pas le cas. Sur le fond de l'histoire, on se retrouve franchement accrochés, même si l'originalité scénaristique ne restera pas le point fort de l'album.

Les rivières du passé est une série qui démarre sur les chapeaux de roue avec ce premier tome, au traitement scénaristique et graphique soigné et maîtrisé de bout en bout. Vivement la suite !