Les Chroniques de l'Imaginaire

Tous différents (Absolument normal - 1) - Toussaint, Kid & Martusciello, Alessia & Aurelio Pizzetti, Alberto

Imaginez un monde où tout le monde finit par acquérir un pouvoir particulier, en grandissant. Un monde où les adolescents ne font pas que se transformer, en ayant des poils qui poussent, ou des boutons à cacher, mais que les hormones provoquent, justement, l'apparition de divers pouvoirs... Pour certains, ce sont des pouvoirs incroyablement utiles, pour d'autres des pouvoirs un peu plus mineurs...

Et pour Corso, que l'on suit lors de la scolarité, c'est assez inquiétant, à la fois pour sa mère et pour les professeurs qui l'entourent : Corso n'a absolument aucun pouvoir qui se manifeste. Rien. Pas la moindre petite aptitude mentale ou physique, aussi ridicule soit-elle... Pourtant, Corso est bien entouré, avec sa mère, justement, mais aussi avec sa sœur, qui fréquente la même école que lui, et qui a, elle, des pouvoirs qui sont apparus.

Alors, les ennuis commencent, pour Corso. D'abord, il va maintenant lui être impossible de continuer à aller à son école : les autres enfants ayant acquis des pouvoirs, cela devient beaucoup trop dangereux, pour les élèves comme Corso. Il va falloir se rendre à l'évidence, pour Corso, sa mère et sa sœur : le jeune élève n'a d'autre choix que de se rendre dans un établissement spécialisé, pour les cas comme Corso. Un établissement qui a l'air bien sympathique au premier abord, en tout cas tant que la mère de Corso est encore présente. Une situation qui va bien changer dès que les élèves se retrouveront seuls...

C'est à Kid Toussaint que l'on doit cette nouvelle série, qui est une ode à la différence, et qui paraît chez Dupuis. Le scénariste, franchement prolifique en ce moment, s'est entouré d'Alessia Martusciello et d'Alberto Aurelio Pizzetti, pour la partie graphique. Un choix qui va s'avérer payant, tant l'aspect graphique est détaillé et sympathique ici.

C'est bien simple : on a d'abord un bestiaire très large, en n'ayant aucun élève qui ressemble à un autre, que ce soit en terme de pouvoirs, mais aussi en terme physique ; on a presque des espèces à chaque fois différentes. Graphiquement, on est presque dans l'image de synthèse, avec des effets floutés qui sont ici du plus bel effet. C'est donc agréable, détaillé, travaillé, avec des personnages attachants, mais aussi un côté figé qui est souvent la résultante de trop de réalisme, et ce manque de mouvement, qui ne gène pour autant en rien la lecture de ce premier tome.

Kid Toussaint s'amuse à mettre en scène des adolescents qui ont des pouvoirs pour le moins limités, et enfermés dans un centre de rééducation qui fait froid dans le dos. On n'est pas loin de la froideur des chambres des soldats à l'entraînement, dans un film comme Full Metal Jacket, de Stanley Kubrick...

Au final, ce premier tome de Absolument normal nous fait nous poser pas mal de questions, sur la différence, et la véritable signification de la normalité... Une série qui démarre très bien, et qui est complètement convaincante, et ce pour un large public : vivement la suite !