A douze ans, Claire a toujours vécu au Rising Sun, le haras d'élevage de pur-sangs de course dirigé par ses parents et son oncle, au Zimbabwe. Les chevaux, c'est son univers, et elle s'imagine jockey, éleveuse, écuyère... Quand nait une pouliche noire, la fillette décide de l'appeler Red Bird et elle en tombe immédiatement raide dingue. Tous les jours après l'école, elle s'en occupe avec la passion et la fougue de la jeunesse.
Claire est encore trop jeune pour bien comprendre les soucis des adultes. Aux tracas financiers et aux menaces naturelles, telles les lionnes qui effraient les chevaux ou les pluies diluviennes, s'ajoute le climat tendu entre les indigènes noirs et les exploitants blancs. Sous la présidence de Mugabe, les Blancs ne sont plus vraiment les bienvenus dans le pays et risquent à tout moment de se faire prendre leurs terres et expulser.
Red Bird grandit. Claire et son ami Georges, un orphelin zimbabwéen embauché pour s'occuper des chevaux, préparent patiemment la pouliche. Puissante, rapide, elle promet de devenir une grande championne !
Difficile pour un amateur de chevaux de passer à côté d'une telle BD, surtout quand on sait qu'elle est dessinée par Michel Faure, dont les dessins de chevaux sont toujours exceptionnels. Difficile également de ne pas faire la comparaison avec la série de BD sur L'Etalon Noir, adaptée par ce même dessinateur à partir de la série de romans écrits par Walter Farley. On y retrouve un cheval noir magnifique, qui va affronter les meilleurs dans des courses où il va les surpasser, mais également des scènes très sauvages, où l'enfant monte à cru et vit de merveilleux moments de complicité avec sa monture. Bref, le parallèle entre Black et Red Bird est flagrant, au point que je n'ai pu m'empêcher de ressortir mes vieux albums pour comparer. Presque trente ans séparent ces ouvrages, déjà, et les dessins déjà superbes à l'époque ont encore gagné en réalisme et en finesse. Les chevaux que l'on voit dans Pur-Sang sont vraiment sublimes et c'est un vrai régal de tourner les pages pour les admirer encore et encore, d'autant que les paysages africains sont eux aussi très réussis. J'avoue trouver les protagonistes humains moins agréables à regarder, mais ils ont au moins le mérite d'être aisément identifiables les uns des autres.
L'histoire, imaginée par Camille Vercken et Rodolphe, est très librement inspirée de celle d'une jument d'exception, Ipi Tombe, née au Zimbabwe et ayant eu une grande carrière hippique. Les rebondissements sont assurés par les dangers évoqués plus hauts, notamment la situation politique explosive, mais sans que cela ne prenne le pas sur la relation entre les adolescents et la jument. Le dépaysement apporte une vraie richesse au scénario. Le rythme est parfait et on ne s'ennuie pas une seconde.
C'est un sans-faute, qui séduire tous les amoureux des chevaux, qu'ils soient enfants ou adultes. Et les autres aussi, pourquoi pas ?