Les progrès de la technologie ne sont pas toujours bons à prendre, et c'est ce qu'on va voir dans ce futur dystopique, plus ou moins lointain, où les humains partagent leur vie de tous les jours avec des robots dotés d'Intelligence Artificielle. D'ailleurs, il ne vaut mieux pas les appeler des robots : le mot est franchement tabou, très mal vu par ces derniers...
Pourtant, de grandes décisions ont été prises : les robots ne sont plus mis à jour, et leur fin de vie est programmée, avec une obsolescence programmée qui est inexorable... C'est ainsi que Elle Van Eden fait la rencontre, franchement par hasard, d'un robot tout à fait charmant, appelé Karel Rossum. Ce dernier est ce qu'on appelle un Cherish Bot, un robot de compagnie dont le travail est de remonter le moral des gens qui font appel à ses services, en leur racontant ce qu'ils veulent entendre...
Mais Karel sait aussi penser par lui-même, et dire franchement ce qu'il a à dire. C'est bel et bien ce qu'il fait avec Elle, lors d'une soirée qui se passe extraordinairement bien. Bientôt, les tergiversations vont bon train, à la fois dans l'entourage d'Elle et un voisin, bien humain, qui la drague depuis des années, et aussi dans celui de Karel, qui partage maintenant un appartement exigu avec trois robots supplémentaires, suite aux dernières décisions des humains.
Alors, même si la première loi de la Robotique d'Asimov, qui veut qu'un robot ne peut pas faire de mal à un être humain, court toujours, des manifestations de plus en plus importantes ont lieu, avec des robots de plus en plus excédés au regard de leurs conditions de plus en plus déplorables. Des manifestations qui sont étroitement surveillées par le gouvernement, et qui vont faire l'objet d'une séparation entre Elle et Karel...
C'est bien dans un univers dystopique à la Brazil que nous convient ici Kid Toussaint (au scénario) et Andrés Garrido (au dessin et à la couleur). Ce premier tome de ce qui sera un triptyque paraît aux éditions Dupuis, et il sera pour beaucoup une bien belle surprise, où il est question d'amour, de sentiments humains, mais aussi robotiques, avec des personnes qui recherchent de plus en plus un sens à leur vie...
Sur fond d'idylle entre deux êtres à priori pas forcément faits l'un pour l'autre, on retrouve dans ce premier tome toute une réflexion sur les progrès de la technologie, et sur le devenir de tous ces appareils que nous fabriquons, et que nous oublions un peu vite une fois jetés... La série n'est pas non plus sans rappeler le très beau scénario d'un jeu comme Detroit Become Human, du studio français Quantic Dreams, qui conte également cette histoire d'androïdes qui sont appelés à se rebeller contre ce que les humains leur font subir...
Les dessins d'Andrés Garrido sont de toute beauté, d'une grande finesse, qui est parfaitement adaptée à une histoire d'amour dans un contexte si particulier. Ce premier tome de Love Love Love est une jolie découverte, avec un scénario aux petits oignons de Kid Toussaint : vivement la suite !
