Les Chroniques de l'Imaginaire

Le patient A (Champignac - 2) - Béka & Etien, David

Si Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, plus connu comme étant le comte de Champignac, est peu loquace, c'est parce qu'il est cuisiné par sa hiérarchie, en ce mois de juin 1941. Et c'est un mois plus tôt, en mai 1941 donc, qu'on le retrouve à Bletchley, en Angleterre, en compagnie de Blair McKenzie, dont il est amoureux, depuis les avancées dans le décryptage d'Enigma.

Pour l'heure, les tourtereaux rejoignent leur ami mathématicien, Black, qui leur présente un message décodé qui leur est destiné, de la part de Schwarz le chimiste et Bruynseeleke le biologiste. Il s'agit de deux éminents amis de Champignac, qui sont retenus en Allemagne, pour des raisons qui demeurent encore inconnues. Les deux scientifiques sont en grand danger, et il n'en faut pas plus pour que Blair McKenzie propose que les trois amis se rendent immédiatement au secours des scientifiques...

Un long voyage commence alors, à rencontrer des gens qui sont complètement tournés vers le National Socialisme, au grand désespoir de Blair. Il n'empêche que les recherches avancent bien, et que la trace de Schwarz est retrouvée. Le talentueux chimiste travaille dans une usine qui fabrique un médicament qui est distribué dans toute l'Allemagne : le Pervitin.

Pour les Allemands, c'est un médicament qui est pris de façon aussi naturelle que de boire un café. Il donne une énergie folle à quiconque en consomme, et il atténue toute forme de douleur, de fatigue ou de peur : de quoi donner des ailes, notamment à l'armée allemande qui n'a jamais avancé aussi vite pour conquérir des territoires. Un produit miracle, certes, mais qui est aussi une drogue aux effets secondaires désastreux...

Et à présent que Schwarz est retrouvé, la trace de Bruynseeleke le biologiste est toute trouvée : il est chargé d'assister le médecin personnel d'Adolf Hitler lui-même, en préparant les doses de Pervitin quotidiennes du Führer...

Après l'excellent Enigma, premier tome de la série Champignac, les éditions Dupuis remettent le couvert avec ce second tome, Le patient A, pour notre plus grand plaisir ! On retrouve ainsi les personnages développés par Béka (au scénario) et David Etien (au dessin) : la continuité avec l'album précédent est assurée, ce qui est une excellente chose pour le fil narratif de la série.

De nouveau, nous sommes plongés dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre Mondiale, avec un conflit qui met en œuvre de l'espionnage d'un côté comme de l'autre, ce qui nous donne toujours des scénarios franchement intéressants et prenants, comme c'est le cas ici. Béka agrémente son récit d'un petit flashback qui est du plus bel effet, notamment au niveau du final de l'album, que je ne dévoilerai bien entendu pas ici.

Au niveau des dessins, là encore, on retrouve les traits fins et délicats de David Etien. L'auteur de la série Les Quatre de Baker Street s'éclate avec cette série chez Dupuis, notamment avec des tronches et des expressions du plus bel effet : il y a de quoi de faire ici, en terme de diversité des personnages, et on sent que le dessinateur a pris un malin plaisir à travailler ces regards, amis ou ennemis, en jouant avec les ombres et les lumières, les plans serrés et les paysages plus éloignés. Un album qui bénéficie de beaucoup de rythme, encore une fois.

Ce second tome de Champignac est une franche réussite, à mettre entre toutes les mains, jeunes comme adultes : chacun y trouvera son compte !