A quinze ans, Athéna mène une vie paisible avec son père et ses frères. Elle découvre un jour que son père est inquiet, et à raison : bientôt, ses proches sont assassinés par les Soldats d'Arès. Accompagnée d'Hermès, un jeune voleur qui l'a secourue, elle décide de rejoindre les Amazones pour retrouver sa mère qu'elle n'a jamais connue. Elle ignore encore que de terribles événements vont survenir.
J'avais été séduite par la jolie couverture (non créditée, tant pis), accompagnée de critiques qui chantaient les louanges de ce roman écrit par une lycéenne de seize ans. Malheureusement, j'ai été consternée par le récit dont j'ai eu beaucoup de mal à venir à bout.
Les enchaînements des péripéties sont abracadabrants et on peine à comprendre les choix des personnages : ainsi, Métis ordonne la mort d'Hermès, juste parce qu'il est en compagnie de sa fille, et Artémis accepte cela sans ciller alors qu'elle aime beaucoup son petit frère Hermès ; les héros sont toujours ultra pressés, mais cela ne les empêche pas de s'arrêter quand il pleut, tout en renvoyant quand même quelqu'un sous la pluie chercher urgemment un livre à une journée de cheval de là, etc. Aucune des décisions des protagonistes ne résiste à une réflexion même sommaire, la plupart du temps on a juste l'impression de grosses ficelles faciles pour permettre à certains personnages de se rencontrer ou à certaines situations d'advenir. Par exemple, pourquoi un pêcheur habite-t-il dans une forêt, si ce n'est pour rendre plus facile de l'atteindre spécifiquement dans un grand incendie criminel ?
L'autrice n'a pas non plus fait beaucoup d'efforts pour rendre crédible le décor. Nous sommes dans la Grèce antique, celle des Dieux de l'Olympe, quand les enfants de Zeus étaient encore jeunes. Certes, les personnages distinguent bien le grec ancien (c'est-à-dire celui que eux parlent, aïe) et le grec très ancien, celui des premiers Dieux, mais ils utilisent un langage très moderne avec des expressions comme "cool" ou "bingo". Ils s'éclairent à la bougie et utilisent des seaux pour se laver, mais à d'autres moments ils vont prendre une douche (invention qui a moins de deux cent ans, rappelons-le...), ont des bâtiments dotés de grandes baies vitrées ou connaissent l'heure avec une précision impressionnante ("il devait être dix-neuf heures trente-cinq", p. 18). Quoiqu'à d'autres moments, leur notion de l'heure est plus floue : à moins d'être dans le cercle polaire, alterner dans un même dialogue "il doit être environ midi" et "la nuit aura vite fait de tomber" (p. 99), c'est un peu curieux. Et que dire du fait que la cité se nomme déjà Athènes, alors qu'Athéna n'en a pas encore été désignée la protectrice, n'étant qu'une jeune fille inconnue au début du roman ? J'en passe, et des meilleures.
Le style est globalement plutôt fluide, mais encombré de beaucoup de détails inutiles. Les personnages passent beaucoup de temps en politesses verbales, et en habillages/déshabillages, par exemple.
Signalons également un passage où Aphrodite raconte son mariage (p. 186) d'une manière tellement encyclopédique que ça sonne particulièrement faux. Une recherche rapide m'a permis de constater que des phrases complètes sont copiées-collées depuis ce site http://feminaweb.free.fr/grecque.htm : "J'étais voilée, dans la salle, avec Nympheutria, une voisine ou parente chargée d'assister pendant les cérémonies du mariage. [...] Des mets traditionnels ont été servis comme les gâteaux de sésame, symboles de fécondité.". Pas très sérieux.
Bref, c'était laborieux. Je me suis accrochée... mais je crois que le relecteur, lui, a jeté l'éponge en cours de route. Dans les deux premières parties, il reste par-ci par-là quelques fautes mineures (quoique le fait d'en trouver deux dès la première page m'avait déjà bien refroidie). La troisième et dernière partie du livre est bourrée de fautes (grammaire, accords, concordance des temps, mots en trop ou pas assez...), à toutes les pages et jusqu'à cinq par phrase, cela m'a vraiment rendu la lecture pénible.
Dernière remarque, pour l'éditeur cette fois : pensez à ajouter une table des matières (navigable pour la version numérique), ce serait bien utile.
Alors, il y a de l'action, de l'amour et de l'amitié, des dieux et déesses, plein de bonnes idées... mais je crois qu'il faut réserver cet ouvrage à des lecteurs complaisants.