Les Chroniques de l'Imaginaire

L'enfant loup (Légende - 1) - Swolfs, Yves

Au fond d'une forêt, un chevalier errant blessé est acculé par ses poursuivants. Le prince Mathias a donné l'ordre de chasse et une récompense suffisante pour faire fi des peurs. Les chasseurs traquent une proie à la réputation de diablerie et de sorcellerie. Ils sont quatre, il est seul. L'odeur du sang les attire.

Mais qui peut abattre un chevalier sorti des enfers ?

Un érudit du nom d'Aelred de Hilseim a mené une enquête sur l'identité et les motivations de cet homme ; voici la légende de Tristan de Halsbourg.

Swolfs est un dessinateur et scénariste bruxellois que j'apprécie beaucoup, en particulier pour Durango (un western formidable) et pour sa magnifique série gothico-vampirique Le prince de ténèbres. C'est un auteur de bandes dessinées prolifique qui a touché à pas mal de domaines dont la fantasy pour l'ouvrage dont il est question ici : Légende.

Le premier épisode de cette série est paru en 2003 et raconte l'histoire du seul enfant échappé du massacre de sa famille par son oncle Mathias. Nourrisson, il est abandonné en forêt et recueilli par un homme sauvage vivant parmi une meute de loups.

Ce tome est le lancement de l'histoire, les jeunes années de l'enfant et la mise en place du contexte politique et historique autour de lui et de l'usurpateur. L'enfant loup vous laissera sur votre faim si vous ne poursuivez pas votre lecture avec les autres albums. Il a les points forts et les défauts habituels des introductions composées de moments au présent et de sauts dans le passé (exactement comme ce qui fonctionne bien dans Le prince de la nuit). Cet opus ouvre de nombreuse portes qui seront petit à petit explorées par Swolfs. Globalement, Légende démarre bien mais ne vous attendez pas à des surprises ou à des rebondissements.

Peu de choses à ajouter du côté du récit et au niveau graphique, Swolfs fait du Swolfs. Les dessins sont beaux, les vues sont impressionnantes, les cadrages sont nerveux (exactement comme ce qui fonctionne bien dans les Durango), ce qui donne une patte cinématographique réussie à l'ensemble. Swolfs dessine très bien, avec légèreté, avec fluidité, avec émotion. Et je suis étonné de voir que la palette de couleurs pâles plutôt proche de celle de Durango (sauf le vert) fonctionne aussi bien - la griffe Swolfs en quelque sort. D'ailleurs, en poussant la comparaison, il est possible d'annoncer Légende comme un western moyenâgeux, à des années lumières des Elfes ou Nains des Terres d'Arran.

L'un dans l'autre, L'enfant loup est un bon démarrage pour une série qui s'est développée à l'origine sur six épisodes entre 2003 et 2012 avant d'être ensuite relancée par Ange et Collignon en 2019. 

En conclusion, L'enfant loup est un album maîtrisé de bout en bout, qui fait son job et donne vraiment envie de lire la suite - pourquoi ne l'ai-je pas achetée immédiatement ?