Une prise d'otages dans une bibliothèque tourne au drame. Les forces d'intervention n'ont jamais pu approcher, retenues par une barrière invisible. Le cinglé qui hurlait pour qu'on rétablisse la véritable fantasy a fini par disparaître avec la moitié des otages, l'autre moitié s'étant curieusement transformée en statues bleues...
Olga a ramené chez elle un gars pour un coup d'un soir. Mais le bonhomme a mis le feu à son appartement avec sa bite enflammée. Olga a réussi à l'assommer avant d'appeler son amie Margot pour se débarrasser du corps. Elles n'en ont pas eu le temps : suite à une mystérieuse visite, l'appartement est redevenu impeccable tandis que Margot perdait la mémoire...
Le point commun entre ces deux faits divers incroyables ? Dans les deux cas, le protagoniste principal n'était pas un humain mais un lutin. Pas un petit lutin au costume vert comme dans les histoires, non, un vrai : grand et sublimement vêtu (de leur point de vue, en tout cas). Avec leurs camarades, ils sont les Cinq Lutins du Confrontement. Ils forment la première des neuf vagues d'assaut d'un plan méticuleusement élaboré de réinitialisation de la fantasy.
Depuis des années, les créatures surnaturelles n'ont plus accès à la Terre Concrète mais sont reléguées dans l'Affre-Monde. Elles ont besoin d'illusion et d'irrationnel et sont bien décidées à attaquer la réalité pour faire triompher la féérie, et ainsi réenchanter le monde. Le temps est venu pour elles de passer à l'action.
Complètement loufoque et déjanté, ce roman nous promène de surprise en surprise aux côtés de personnages hauts en couleur. Que ce soit les deux amies Olga et Margot, l'ascète du désert et son démon intérieur qui se voient comme les Gardiens des Réalités, le couple d'enquêteurs du bizarre ou même les trois punks défoncés participant au Festival du Gouffre, tous sont particulièrement extravagants. Côté irréalité, c'est encore plus détonnant, puisque la fantasy n'est pas fidèle à l'idée qu'on s'en fait le plus souvent mais bien plus diverse et bizarre. Bref, on va de rebondissement singulier en rebondissement singulier, en se laissant porter jusqu'à ce que l'on comprenne vraiment de quoi il retourne.
J'ai bien aimé cette façon de prendre le contre-pied de la fantasy "ordinaire", ce côté cinglant et décalé. J'ai bien aimé aussi que Karim Berrouka ait mis en scène son directeur éditorial et plusieurs de ses collègues auteurs d'imaginaire, placés dans des situations difficiles mais dont l'expérience va bienheureusement les aider.
Par contre, je n'ai pas aimé du tout le style. Tissé de métaphores insolites à tout bout de champ, OK. Le parler étonnamment enjolivé des êtres de l'irréalité, OK. Mais la vulgarité omniprésente, c'était trop pour mes chastes oreilles. Il faut dire que j'avais déjà longuement hésité devant la grossièreté du titre, et que l'intérieur est à l'avenant. On reconnait de loin la patte caractéristique de l'auteur, mais là c'était vraiment trop pour moi. Au point que je l'ai lu par toutes petites doses, peinant à avancer dans l'histoire.
C'est probablement un bon choix pour ceux qui recherchent de l'imaginaire provocant et insolite, mais partez prévenus, il faut apprécier le langage assez cru.