Les Chroniques de l'Imaginaire

Réservoir 13 - McGregor, Jon

À minuit, lors du changement d’année… C’est ainsi que commencent la plupart des treize chapitres qui composent ce livre. Nous sommes dans un petit village anglais, loin d’une grande ville, et ce livre raconte les treize années qui ont suivi la disparition d’une jeune fille un soir de Nouvel An. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ce roman n’est pas le récit de la recherche désespérée du corps de l’adolescente, ce n’est pas non plus le récit de parents éplorés, qui recherchent leur fille coûte que coûte, ce n’est pas un polar ou une simple enquête.

Non, nous avons affaire à une chronique de la vie de ce village, perturbée par cette disparition un soir de nouvel an. Après que tous se soient mobilisés en vain pour tenter de retrouver Rebecca, la vie a repris son cours, et le récit se passe au fil des saisons qui égrènent une foule de détails, de tranches de vie, de pensées, d’actes, avec, toujours, un rappel sur « Où a-t-elle pu disparaître ? ». Une sorte de leitmotiv, un contrepoint sur la toile de fond tandis que l’auteur nous plonge dans la vie au fil des saisons de ce petit village anglais.

J’avoue que je pensais tomber sur un livre avec une enquête, avec des rebondissements, quelque chose d’autre que ces longs paragraphes bucoliques. Quand je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout le propos du livre, que la disparition n’était qu’un point un peu plus culminant, car inhabituel, dans la vie de cette paisible bourgade, que l’auteur allait nous emmener doucement faire connaissance avec une multitude de personnages, certains redondants, certains seulement de passage, que nous allions participer à la vie du village, et bien je me suis laissée entraîner.

C’est une « histoire » qu’on pourrait qualifier de « lente », certains pourraient même dire « paresseuse », mais avec le recul, c’est une histoire à savourer doucement, en imaginant les paysages, la faune et la flore évoquées, le chant des oiseaux, les parties de pêche, les fêtes communales, et tous les petits détails qui font la vie dans une campagne anglaise.

Au fur et à mesure que passent les treize années couvertes par le récit, on perçoit bien les changements qui se produisent, inexorablement, et il traîne, tout au long du récit, un peu de nostalgie et une certaine douceur de vivre.

Jon McGregor se révèle être un très bon auteur pour poser l’ambiance typiquement anglaise de ce petit village. En passant sans transition d’une pensée à une autre, d’une description à une pensée, d’un vol d’insectes au bêlement des agneaux, il pose là un décor à la fois ultra vivant et nostalgique du temps qui passe.