A l’occasion d’Halloween, et sous couvert d’une interview vidéo qui doit être diffusée en live sur le net, le tout orchestré par un jeune entrepreneur spécialiste du buzz d’horreur sur internet, quatre écrivains d’horreur sont invités à passer la nuit dans une maison hantée perdue au fin fond du Kansas. Chacun pensait être l’unique invité pour cette nuit particulière, mais ils sont bien quatre auteurs à rejoindre la maison pour participer à l’émission.
La maison choisie date des environs de la guerre de Sécession, et son histoire est marquée par un drame originel : l’homme qui a construit la maison de ses mains vivait et formait un couple heureux avec une femme noire. Scandaleux pour l’époque, pris à partie par quelques racistes du coin, ils ont tous les deux été assassinés lors d’une expédition punitive, et la femme pendue dans l’arbre juste à côté de la maison. C’est ainsi que naissent les légendes de certaines maisons hantées. Beaucoup plus tard, deux sœurs s’installent dans la maison et des choses mystérieuses et inquiétantes arriveraient parfois.
Les participants à cette nuit d’Halloween qui, somme toute, reste relativement anodine du point de vue paranormal, se rendront bientôt compte qu’entrer dans la maison et en ressortir a un coût très particulier.
Ils sont donc quatre auteurs connus qui, au moment précis où débute le récit, ont tous un point en commun : ils ont un souci pour écrire. Sam, qui donne des cours à l’université, semble avoir perdu ce qui faisait de lui une bonne plume d’horreur, la seule femme autrice du groupe, T.C. Moore, se prend de plein fouet la misogynie du monde du cinéma - un de ses romans devait être porté à l’écran et les investisseurs veulent changer l’intrigue principale -, Daniel Slaughter qui écrit pour un public très chrétien, sent bien que son agent est sur le point de le lâcher, et le plus âgé du groupe, Sebastien Cole, n’a plus vraiment la flamme créatrice depuis la perte d’un être qui lui était cher.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu ce genre de roman d’horreur. Et j’avoue avoir été agréablement surprise. Certains trouveront que les choses sont longues à se mettre en place. L’auteur prend le temps de s’attarder sur chacun des protagonistes et on comprend très vite qu’ils ont tous un ou plusieurs « cadavres dans le placard », ce qui est, somme toute, la base de tout bon scénario de ce genre. La pression monte ensuite un peu lors de l’interview, mais sans plus. Quelques scènes un peu « oh, il se passe quoi ? » mais qui trouvent presque des explications rationnelles sont là pour faire douter un peu le lecteur : et si la maison n'était pas si hantée que ça ?
C’est ensuite que ça s’emballe. Enfin. Au rythme de l’auteur, qui reste relativement lent, mais permet de faire de larges digressions très intéressantes sur ce qu’est l’horreur, comment elle est perçue par chacun, etc. Très intéressant d’ailleurs, j’ai beaucoup aimé, et cela permet de se poser nos propres questions sur nos relations avec l’horreur, que ce soit en littérature ou au cinéma/télévision. La dernière partie apporte ce que les fans attendent : les plus grosses manifestations dans la maison et leurs conséquences.
Évidemment, je ne dévoile ici que quelques moments de l’intrigue. Car il faut lire le livre pour comprendre exactement ce qui s’y passe. Personnellement, j’ai été un peu déçue sur l’explication de « pourquoi la maison est-elle méchante » (en gros), mais le point de vue de l’auteur peut se défendre. Et finalement ce « pourquoi » passe au second plan. Ce qui reste ensuite c’est « mais comment ? ».
Et ça… Il faut aller jusqu’à la dernière page pour le comprendre.
Je pense que c'est un très bon roman pour les amateurs de la série télévisée American Horror Story. En effet, Thomas Scott prend son temps pour bien développer son intrigue, tout comme les "showrunner" de la série.