Les Chroniques de l'Imaginaire

Un reflet de lune - Faye, Estelle

Dans un Paris postapocalyptique où chaque quartier ou presque est régi par ses propres règles, Chet, chanteur de jazz à la dérive, ne sait quelle direction donner à sa vie. Ses dernières aventures, le départ de sa meilleure amie et de son amant, l’ont laissé plus dépressif qu’à l’accoutumée. 

Alors qu’il noue enfin avec un certain succès musical grâce à son personnage de Thaïs, sa vie se complique à nouveau. L’un de ses coups d’un soir veut le tuer, des doubles de lui apparaissent partout et sèment le chaos en provoquant émeutes et attentats et la ville elle-même semble sombrer sous des crues inhabituelles, qui seraient provoquées par une secte secrète. Une fois n’est pas coutume, Chet décide de mener l’enquête à sa façon : en fouinant, couchant et surtout, en allant de Charybde en Scylla.

Un reflet de lune est le second tome consacré aux aventures de Chet, après Un éclat de givre, et peut être lu de manière indépendante. On y retrouve son rythme soutenu, son passage d’un quartier ou d’un lieu emblématique de la capitale à un autre au gré des déboires du protagoniste et, plus globalement, l’avalanche de problèmes de plus en plus phénoménaux assaillant tant Chet que Paris. Paris est en quelque sorte le second personnage principal de ce roman, et elle n’est pas en meilleure forme que le personnage principal.

Le style d’écriture d’Estelle Faye dispose d’une certaine puissance évocatrice, agréable et fluide. On sent son amour pour son univers et ses personnages. La couverture est à l’image de ce style d’écriture, élégante et emplie de mystère. 

Pour ma part, je suis peu à peu sortie de l’histoire, alors même que l’action allait crescendo et que le mystère s’épaississait autour de la secte secrète et des doubles de Chet. Je pense que le personnage, qui ne cesse de prendre de mauvaises décisions, et a une estime de soi frisant le zéro tout en étant très souvent réduit à un objet sexuel par ses interlocuteurs (comme par lui-même d'ailleurs), a malheureusement fini par me taper sur les nerfs. La conclusion m’a également laissé une impression de gâchis car j’en attendais bien plus. Heureusement, les deux chapitres d’épilogue, et surtout le dernier, m’ont permis de refermer l’ouvrage sur une note un peu plus positive. J’ai pourtant adoré le premier opus, peut-être doté d’une ambiance plus feutrée, plus jazzy et où Chet s'avère tout aussi vulnérable et moins nombriliste.

Ce roman plaira surtout aux lecteurs qui aiment que l’action les entraînent dans tous les sens et malmène leurs personnages. Les amateurs de Paris postapocalyptique seront également ravis mais je conseille d'abord de découvrir l'univers de Chet par Un éclat de givre.