François Martin vend des chauffe-eau au fond de la Creuse. En fait, il arnaque les vieux et les gens esseulés en leur refourguant très cher de la camelote. Il y a vingt ans, il s'appelait François Pirelli et faisait partie d'une bande de petits braqueurs marseillais. Après avoir balancé ses complices suite à un braquage qui a mal tourné, il s'est planqué dans la Creuse pour se faire oublier et recommencer une nouvelle vie.
Mais voilà, il a cinquante-deux ans, est en surpoids, vit seul et arpente les routes de campagne pour escroquer les gens. François ne supporte plus cette vie minable, d'autant plus que depuis quelque temps il a de violentes migraines et des pertes de connaissance. Alors qu'une tempête de neige commence à paralyser la région, il a une nouvelle absence et à son réveil la neige tombe de plus en plus fortement. Il tente de reprendre la route jusqu'à ce qu'il reçoive un appel du docteur Mansard. Verdict : tumeur et 3 mois maximum à vivre.
Abasourdi par cette nouvelle, en pilotage automatique, il trouve refuge dans une ferme. Un jeune homme l'accueille sans poser de question, plutôt heureux d'avoir de la visite.
Fabien, agriculteur, le reçoit, lui prépare à manger et le laisse s'endormir sur son canapé. Le lendemain s'installe entre les deux une sorte de routine. Si François reste taciturne, Fabien est toujours souriant et chaleureux.
Pour François commence une introspection, une remise en question de ses actes passés que lui facilite ce huis-clos imposé, à peine perturbé par le temps et les voisins de Fabien.
Ce qui m'a donné envie de lire ce polar, c'est la Creuse car connaissant bien le coin j'avais envie de voir ce que pouvait donner une telle intrigue dans cet environnement. Cruelle déception, car le lieu de l'histoire est plutôt accessoire, cela aurait pu se passer dans n'importe quelle campagne de France sans que cela change grand chose. Dommage car la Creuse a beaucoup de potentiel pour un polar, ses paysages et ses habitants parfois un peu bruts.
La deuxième raison m'ayant incité à chroniquer le livre, c'est le huis-clos. Là par contre pas de déception, notre héros se retrouve dans une ferme isolée dans la campagne creusoise en pleine tempête de neige avec un jeune homme gentil, chaleureux, qui lui offre le gîte et qui est l'exact opposé de François. Les deux vont vivre quelques jours ensemble, notre héros va découvrir petit à petit la vie de son hôte et les raisons de son comportement.
Ce qui est intéressant, c'est la remise en question de François, le voir revenir sur son parcours et ses erreurs. Petit à petit, on comprend son dégoût de lui-même, sa rancœur, son ras-le-bol de la vie qu'il mène.
Pas ou peu d'intrigue dans cette courte histoire, le style est simple et va à l'essentiel. Fabien est plutôt attachant, son voisin aussi, ce qui apporte un petit plus à l'histoire. Dans l'ensemble, les personnages plutôt taiseux se rapprochent assez du caractère de beaucoup de Creusois et me les rendent sympathiques. Par contre, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher à François, ce qui n'est pas plus mal vu le contexte de l'intrigue.
Le déroulé est plutôt lent, comme endormi par la neige qui tombe sans cesse. Heureusement une petite accélération, bienvenue, vers la fin permet de classer ce livre comme un polar.
Lecture rapide et sans surprise.