Les Chroniques de l'Imaginaire

Ex Dei - Snyers, Damien

Marion est bien décidée à retrouver son propre nom, et sa liberté, mais ne tarde pas à s'apercevoir qu'il est plus aisé de se débarrasser d'un caillou que d'un chewing-gum : son mari, Nicolas, joue les ventouses jusqu'à ce qu'elle le chasse sans plus guère le ménager. Aussi part-il en jurant vengeance sur la personne qu'il considère comme responsable de son éviction : James Laany, dont il est convaincu que sa (future ex-)femme est amoureuse. Qu'à cela ne tienne, Marion reprend sa vie, entre soirées de fou rire au théâtre, avec son amie Sara, et séances studieuses avec ses collègues Historiens. C'est justement au cours de l'une de ces soirées que Sara et elle font la connaissance d'Adam Przybylowicz, un homme intéressant et courtois, que Sara invite à joindre les Historiens.

Pendant ce temps, James s'ennuie un peu : c'est certes agréable, pour une fois, d'être riche, mais le frisson de l'aventure, et plus précisément du danger de la cambriole extrême, lui manque. Aussi propose-t'il un dernier coup à Mila. Mais au moment où ils quittent la demeure du richard antipathique qu'ils viennent de dévaliser, des Chasseurs se lancent à leur poursuite. Ils parviennent à s'enfuir, de justesse, mais James sait que ce n'est que provisoire, et qu'un seul homme réussira à arrêter cette traque : Jaroslaw. Cela impose de revenir à Nowy Krakow, ce qui n'enthousiasme pas vraiment Mila. Pour James, cela aurait de plus l'avantage de le rapprocher de ses amis Elise et Jorg. Mais aussi de revoir Marion.

Ce roman au rythme vif se déroule dans un univers intéressant, où différentes races de féerie, ainsi que des immortels d'espèces apparemment variées, côtoient les humains et les mages. Les moyens de transport mécaniques apportent une touche de steampunk, et d'originalité, bienvenue. On voit de plus en plus de romans mêlant steampunk et fantasy (ou fantastique), mais la sauce prend particulièrement bien ici. Même si l'action, et les relations entre les personnages, prennent le premier plan, le peu que l'on voit du monde donne vraiment envie d'en savoir plus. Pour ma part, je prévois d'ailleurs de lire La stratégie des As, le roman précédent du même auteur se déroulant dans cet univers.

A ce propos, je précise que Ex Dei peut se lire seul, même si j'ai un peu regretté de ne pas savoir comment tous ces personnages s'étaient rencontrés, et d'une façon générale ce qu'ils avaient vécu précédemment. Toujours dans l'idée de romans différents dans ce même univers, j'espère vraiment que l'auteur publiera une suite, idéalement sans trop tarder, étant donné qu'il laisse ici son lectorat dans un cruel suspense, et avec énormément de questions sans réponse.

Le balancement de l'histoire entre ce qui arrive à Marion et les (més)aventures de James permet sans doute à l'auteur d'alterner également deux formes de rythme, voire de styles d'écriture, très différents. L'inconvénient, c'est qu'il semble porter le lecteur ou la lectrice à en choisir un au détriment de l'autre. C'est en tout cas ce que j'ai pu lire sur le net, et je n'ai pas vraiment fait exception, en appréciant davantage l'arc consacré à Marion. Il n'empêche que cette alternance est bien maîtrisée, et assez réussie (les rapports différents de Marion et James à Jaroslaw, par exemple, sont un exemple, à mon sens, de cette maîtrise), en donnant une vie et une crédibilité à chacun de ces personnages si différents.

En somme, je suis contente d'avoir découvert cet auteur belge, et je ne manquerai pas de surveiller les prochaines parutions portant son nom. Je ne saurais terminer cette chronique sans mentionner la superbe couverture de Zariel, aussi belle que parfaitement appropriée.