Les Chroniques de l'Imaginaire

La colère de Tiamat (The expanse - 8) - Corey, James S.A.

Partout dans l'univers, des centaines de portes menant à d'autres galaxies sont ouvertes. La civilisation humaine explore et s'étend. Elle s'installe sur de nouvelles planètes et découvre les ruines des constructeurs des portes. Et les humains s'interrogent. L'empire laconien envoie des missions scientifiques pour comprendre ce qui a fait disparaître les aliens et surtout comment s'en défendre. Le docteur Elvi Okoye, éminente scientifique impériale, est sur le point de faire une découverte de la première importance.

Mais Laconia est l'empire qui a placé sous sa botte tous les mondes connus. La destruction du système Sol a laissé des terres inhabitables, de la colère et du désespoir. La rébellion s'agite. Et elle est organisée par des anciens du Rossinante.

Quoi de neuf dans ce huitième épisode ? Malheureusement pour moi, pas grand chose. La colère de Tiamat est dans l'exacte continuité des épisodes précédents (à l'exception de la surprise du sept) : quelques scènes d'action bien foutues noyées dans un océan de superflu. Quand il le veut, Corey sait écrire de la baston de l'espace, avec du punch, de la tension et des gouttes de sueur. Pas de chance pour moi, ici, ces scènes sont loin d'être majoritaires dans le bouquin.

La narration est découpée entre Bobbie, Alex, Naomi, Teresa, Elvi et Holden. Mes affinités personnelles font que les chapitres consacrés à Bobbie et Alex sont les plus intéressants. Ce sont également ceux où l'intrigue se développe le plus. Le bourbier scientifique expressément complexe d'Elvi (qui a bien changé depuis Les feux de Cibola) me fait bailler au bout d'une demi page, Holden est toujours aussi ridicule et les craintes de Naomi sur son jeu de bonneteau (vous allez souvent en entendre parler, c'est le running gag qui remplace l'accent texan de Alex parce qu'il vient de Mars) me laissent indifférent tellement elles sont rabâchées. La petite nouvelle dans l'histoire est Teresa Duarte, la fille unique de l'empereur Winston Duarte de Laconia. Elle vient avec son paquet de problèmes d'adolescente fille d'un empereur divin… Il me semble que Corey veut présenter un personnage et une sous-intrigue pour tous les goûts. De ce fait, l'attachement aux personnages qui ne sont pas au goût du lecteur est difficile.

Notons tout de même que lorsque les anciens personnages du Rossinante sont regroupés, il y a un petit sentiment de nostalgie agréable qui pointe le bout de son nez. 

Le développement de l'histoire de chaque acteur, individuellement et dans le cadre global, est poussif. C'est long et vide. Pour un avant-dernier épisode d'une série à grand spectacle, La colère de Tiamat ne réveillera que les mauvais souvenirs des joueurs de Donjons et Dragons. Le récit est mou et les actions de certains personnages vous feront souvent vous poser des questions sur leur stupidité. Le point de départ de l'histoire (les expériences de Laconia) est bien foireux et ce qui tourne autour des aliens (les créateurs des portes et leur destructeur) ne décolle pas. J'ai eu l'impression de tourner en rond dans un épisode de trop où le grand méchant ne fait pas peur.

Pour ne rien améliorer, l'ensemble est mis sur papier dans un texte mal torché et répétitif au possible. L'avantage de l'écriture de Corey est que le livre se parcourt vite mais est-ce encore un bon point ? Il faut, toutefois, reconnaître que la personne chargée de l'écriture de la quatrième de couverture a du talent.

Enfin, le bouquin se termine par un apéritif, pour raviver l'intérêt d'un neuvième et ultime tome. Mais je suis bien incapable de dire de quoi Corey va parler et comment il va clôturer toutes ses intrigues à peine construites...

Bref, ce huitième opus de The expanse est paresseux et étire encore plus le fil d'une intrigue déjà distendue à l'excès. La colère de Tiamat est un tome de remplissage à oublier.