Hannah a onze ans et pense que sa vie est la plus banale qui soit. Elle se rend bien compte que quelque chose cloche entre papa et maman, mais pour l’instant elle refuse d’envisager que ses parents risquent de se séparer définitivement.
Quand son père l’envoie passer quelques jours chez son grand-père, elle découvre que celui-ci, loin d’être juste un grand-père un peu lunaire, habile de ses mains et un brin bohème, est ami avec le diable en personne. Diable qui a un léger souci : les mauvaises actions faites en son nom ne lui apportent plus l’énergie habituelle. Et c’est un gros problème pour l’ange déchu.
Hannah découvre aussi qu’elle est capable de voir les acolytes du diable, qui ressemblent furieusement à de gros champignons qui parlent, que son grand-père est beaucoup plus vieux qu’il n’y parait, et qu’il est le fabriquant d’une machine mystérieuse et recherchée qui permet de transformer les mauvais tours en énergie maléfique.
Finalement, la vie d’Hannah n’est pas aussi banale qu’elle le pensait…
Un livre qui commence par « Imaginez s’il vous plaît » me laisse toujours méfiante sur la suite des événements. Mais après un début un peu brouillon, une sorte de faux départ voulu, le roman s’élance vraiment et on est happé par l’histoire d’Hannah et de ses proches.
« Or, les histoires, c’est craintif, comme les chats. Il faut les approcher doucement, en faisant preuve de respect, sinon elles décampent, et on ne les revoit jamais. »
L’auteur, en quelques mots, pose son point de vue quasi philosophique sur la manière dont les histoires sont racontées et reçues par les gens qui les écoutent ou les lisent, et il enchaîne dans la foulée avec les péripéties d’Hannah et de son grand-père. Tout au long du livre, ce genre d’aphorisme ponctue l’action, ou certaines scènes. Elles sont souvent très rafraichissantes, drôles et poussent à la réflexion, ce qui est un très bon point dans le déroulé de l’histoire.
J’ai passé un excellent moment de lecture avec Hannah. D’un abord facile, l’histoire se complexifie sans devenir inextricable, et on prend plaisir à suivre les tribulations de la petite troupe autour d’Hannah et de son grand-père. Le diable est l’archétype du diable, un vieil homme qui fait le mal et qui le fait bien, accompagné de Palafre, un gnome essentiellement là pour faire rire (même si c’est un démon qui provoque toute sorte de catastrophes et de soucis dès qu’il s’attache à un humain en particulier).
J’ai beaucoup apprécié le fait qu’au-delà d’un affrontement du bien contre le mal (ce que n’est pas ce livre dans le fond), on découvre un conte sur le temps qui passe, sur les relations entre les gens, l’attachement, et sur le fait qu’une petite fille peut changer le destin du monde.