Dame Evelyn Perdanu vit à l’abri de son voile de deuil. Encore jeune, elle a perdu toute sa famille. Sa condition d’orpheline lui a permis d’hériter de nombreux biens et de la florissante entreprise maritime familiale. Froide, insaisissable, elle est parvenue à se faire une petite place dans un univers très masculin, tout en dissimilant ses traits comme ses pensées derrière ses tenues de deuil. La lutte pour sa survie est au cœur de ses priorités. Son pays est en proie à une guerre civile qui menace toute la ville de Delphinium, siège de son entreprise. Alors que la situation dégénère avec l’arrivée d’un vaisseau porteur de la peste, Evelyn apprend qu’une autre épidémie s’est déclarée. Plus étrange, elle plonge ses victimes dans un état catatonique et paraît étrangement liée à elle.
Yellow Jessamine est un court roman qui ne laissera pas le lecteur indifférent. Son univers fantastique est suffisamment esquissé pour donner envie de s’y plonger mais reste suffisamment énigmatique pour souhaiter le connaître davantage à chaque page tournée. Sombre, violent et mystérieux, il est à l’image de sa protagoniste, Evelyn. La narration la suit dans ses tentatives pour se dépêtrer d’une situation politique et économique de plus en plus tendue, pour transcender sa condition de femme et pour fuir les conséquences de certaines de ses actions passées. J’ai personnellement éprouvé des difficultés à sympathiser à ses malheurs étant donné la nature de ses choix. Caitlin Starling parvient à rendre son héroïne de plus en plus vulnérable et touchante à mesure que le récit progresse et que les secrets sont révélés. Toutefois, certaines décisions d’Evelyn restent difficiles à accepter d’un point de vue moral.
La fidèle assistante d’Evelyn, Violetta, offre d’ailleurs un contrepoint très intéressant au personnage principal et connaîtra des évolutions intéressantes sur le plan psychologique. La relation d’amitié entre les deux femmes est l’une des thématiques centrales du récit.
Le rythme de l’intrigue est soutenu, l’énigme entourant l’épidémie bien conçue, le style d’écriture soigné… Yellow Jessamine multiplie les bons points. Sa couverture, dont l’illustration a été réalisée par Robin Ha et le design par Dave Ring, est aussi de très grande qualité. Elle retranscrit fidèlement l’atmosphère du roman.
Les lecteurs à la recherche d’une héroïne torturée en proie à des phénomènes étranges et à des secrets dévorants trouveront leur bonheur avec Yellow Jessamine.