Wisteria est une adolescente orpheline qui a été « confiée » à un prêtre qui l’exploite sans vergogne pour faire la manche dans les rues de Londres. Elle a été dupée, tout comme son frère à qui on avait promis un travail dans un manoir et qui a disparu quelques mois auparavant.
Ce que le prêtre ne sait pas, c’est que la jeune fille a un don rare qui lui permet de voir les diables qui vivent parmi les humains. C’est ainsi qu’en faisant la manche Wisteria a fait la connaissance de Marbas, un diable de classe supérieure qui s’ennuyait. Il faut dire qu’en étant immortel le temps peut paraître parfois un peu long et, pour rompre son ennui, Marbas a commencé à rendre visite à Wisteria tous les soirs dans sa mansarde. Pour lui raconter des histoires.
Entre les deux êtres que tout oppose se noue alors une amitié qui très vite va se changer en pacte. En effet, le prêtre décide de vendre Wisteria parce qu’elle ne lui rapporte pas assez dans la rue, et qu’il a eu la demande d’un gentleman aux goûts particuliers. Wisteria demande l’aide de Marbas qui commence par refuser, car il ne peut pas aider un humain sans contrepartie. Il refuse aussi de prendre la vie de la jeune fille ou même son âme, car ce n’est pas ce dont il a besoin vu qu’il est immortel. Mais quand Wisteria est amenée à son acheteur, le diable, pris de remord, décide de l’aider quoi qu’il lui en coûte. Et la jeune fille va lui donner ses yeux pour concrétiser leur pacte. Elle se retrouve alors aveugle, et liée pour toujours à un diable.
J’avoue que j’ai beaucoup aimé ce premier tome. Wisteria est très attachante et Marbas est un diable dont l’écriture est plutôt bien équilibrée, qui oscille entre l’indifférence et l’intérêt envers les humains. Il ne veut tout d’abord pas aider Wisteria, puis change d’avis parce qu’il apprécie la compagnie de la jeune fille. Et ils finissent par s’apporter mutuellement quelque chose.
Le conte des parias fait partie de la mouvance « jeune fille qui s’allie avec un démon » et je le trouve plutôt réussi dans ce Londres du XIXème siècle. Le fait que Wisteria ait donné ses yeux pour le diable apporte une touche supplémentaire d’empathie pour le personnage et permet une alliance encore plus forte entre l’humaine et le démon, puisque celui-ci remplace ses yeux et lui décrit les paysages qu’ils traversent. On comprend que Wisteria est fondamentalement gentille et que les épreuves qu’elle a traversées jusque-là ne l’ont pas pervertie ou rendu amère.