L'année 1848 est une année chargée d'Histoire, un peu partout dans le monde. Et le Monténégro, petit pays des Balkans, ne fait pas exception à la règle, avec les paysans qui s'insurgent contre le prince-évêque Nicolas Petrovic, aux ordres des Turcs... Et c'est un certain Vanko Winczlav qui mène ce soulèvement, et qui est retrouvé dans un petit village, où il soignait les rebelles, et où il a été vendu par un paysan...
Vanko, qui a un diplôme de médecin dans son pays, n'a pas d'autre choix que de fuir le Monténégro. Sa fuite le fait passer par la Croatie, et précisément par une auberge de Dubrovnik, où il rencontre Veska Stojanova, fille d'un autre rebelle monténégrin, qui s'enfuit avec Vanko. Ces deux-là ne sont pas amoureux, mais ils seront contraints de se marier à bord du bateau qui les mène en Amérique, afin que Veska puisse passer les contrôles à l'entrée du pays, et être également libre en Amérique...
Le couple vivote à son arrivée, et Veska apprend à Vanko qu'elle est enceinte. Elle ne souhaite pas garder l'enfant, qui est issu d'un des viols qu'elle a subis à Dubrovnik, mais Vanko refuse de la faire avorter. C'est lui qui gardera l'enfant, dénommé Sandor Winczlav. Vanko et Veska se séparent : Veska devient la couturière d'un certain Singer, qui a inventé une machine à coudre révolutionnaire, et Vanko trouve un emploi d'infirmier, à défaut d'être médecin, son diplôme n'étant pas valable aux Etats-Unis. C'est là qu'il fait la rencontre de Jenny, une jolie infirmière qu'il finit par épouser, et qui lui donnera un autre fils, Milan Winczlav.
Tout pourrait aller pour le mieux, à présent, pour Vanko, mais le destin va en décider tout autrement : il sera bientôt accusé d'avoir opéré un acte chirurgical sur une patiente qui est morte en rentrant chez elle. Un acte qu'il n'a pas commis, sans pouvoir le prouver aux yeux de la justice. Vanko est jeté en prison et ne peut voir Jenny qu'une fois par mois. La guerre de sécession, qui fera des ravages entre le Nord et le Sud, éclate bientôt, et Vanko est envoyé au front pour soigner les nombreux blessés parmi les rangs nordistes...
C'est avec un vrai plaisir que l'on retrouve ce duo d'auteurs : Jean Van Hamme reprend le flambeau de l'univers de Largo Winch, en imaginant un triptyque qui sera un prequel à la fortune des Winch et de Nerio Winch, dont on fait la connaissance dans le premier tome de Largo Winch. Ainsi, on retrouve déjà de la cohérence dans le récit, dans les événements : il se passe beaucoup de choses dans ce premier tome, l'auteur parvient sans problème à faire rentrer cela dans les contextes historiques de différents pays, le Monténégro certes, mais également pour une large part les Etats-Unis, où se déroule une grande partie de ce tome.
Il est également plaisant de voir Jean Van-Hamme associé à Philippe Berthet, en collaboration graphique avec Dominique David, et avec Meephe Versaevel aux couleurs. On reconnaît les traits de Berthet, avec notamment des femmes parfaitement mises en avant : si Jenny aurait pu être un personnage de la série Pin-Up de cet auteur, d'autres scènes ont été conçues pour être mises en valeur grâce aux crayons de Philippe Berthet.
On pouvait craindre que ce premier tome soit une vaste opération commerciale, quand on connaît le succès de Largo Winch. Il n'en est rien : ce prequel démarre de la plus belle des façons. Il est fait avec beaucoup de passion et d'intelligence, il s'y passe de nombreuses choses, déjà, et il me tarde d'en découvrir rapidement la suite.