Dans un futur proche, le désir de paix et de tranquillité de l’humanité a fait apparaître des héros. Il existe un héros par pays, chacun avec son don propre répondant à ses propres inclinations personnelles : Century, le héros américain, est un justicier droit dans ses bottes, Spirits, l’héroïne russe, est une ivrogne au grand cœur, Stardust, le héros britannique, est une rock star capable de soulever les foules et de lever des sommes colossales en faveur des bonnes œuvres…
Le Japon aussi a son héroïne. Shy, quatorze ans, qui, comme son surnom l’indique, est une grande timide. Chaque sauvetage est un calvaire pour elle, tellement elle craint de commettre un impair. Alors, quand une jeune fille de son âge est cruellement blessée lors d’une de ses interventions, ni les journalistes internationaux, ni les Japonais, ni elle-même ne le pardonnent. La jeune fille va cependant bien devoir trouver le moyen de vivre avec cet échec.
Ce premier tome de Shy ne perd pas de temps et met d’emblée sa protagoniste en fâcheuse posture. Sa timidité naturelle, plutôt bien rendue, la pousse déjà à fuir toute situation conflictuelle, ce qui n’est pas facile quand on est supposé maintenir la paix et assurer la sécurité dans son pays. L’accident qu’elle vit en début de tome la chamboule donc du tout au tout et remet toute son existence en question. Si j’ai au départ été un peu étonnée que le petit monde de Shy vole en éclats avant même qu’on ne fasse vraiment sa connaissance, je dois avouer que la stratégie est plutôt payante : on la découvre ainsi à un point relativement bas de sa carrière de super héroïne et elle ne pourra, on l’espère, que s’améliorer au fil des tomes. Sa timidité peut être parfois un peu agaçante mais sa maladresse et son bon fond mettent vite le lecteur de son côté. C’est d’ailleurs un plaisir de la voir reprendre (un tout petit peu) du poil de la bête au fil du tome, avant d’être confrontée à un autre enjeu de taille.
Ce premier tome pose les bases de ce qui promet d’être une très bonne série : l’héroïne est attachante et les personnages secondaires intrigants, le concept des pouvoirs des super-héros assez simple et bien expliqué, le rythme est rapide et efficace et la menace qui plane sur la planète est redoutable à souhait. Sous ses dehors un peu caricaturaux, flamboyants voire parfois ridicules – je pense au héros américain calqué sur Captain American ou au héros britannique qui évoque furieusement un avatar de David Bowie -, Shy ne lésine pas sur les effets sanglants et les sujets sombres. Les dessins, soignés et précis, oscillent ainsi entre le mignon de Shy, le grandiloquent des super-héros plus renommés qu’elle et l’horrifique des scènes de combat. Lecteurs sensibles, passez votre chemin… mais lecteurs fans d’action macabre, de protagonistes maladroites et de super-héros, lancez-vous ! Pour ma part, j’étais ravie d’avoir déjà le second tome sous la main !