Si vous aimez la géopolitique, l'Europe, l'économie, les mathématiques, les mécanismes à roulement à bille, les philosophes en chemise blanche savamment entrouverte, la guerre des Balkans, Sarajevo, alors ce roman est fait pour vous.
Pour les autres, ce roman (je me demande d'ailleurs si c'en est bien un, ce n'est mentionné ni sur la couverture, ni sous le titre à la première page) laisse perplexe et exsangue.
Perplexe car, je l'avoue, je n'ai rien compris. Exsangue car il est beaucoup trop intense, trop d'informations de toutes sortes fusent : tous les arcanes de la politique, mais aussi les mathématiques, l'histoire de l'Union européenne y sont décortiqués et cela donne le tournis.
Quelques passages plus calmes permettent toutefois de reprendre haleine, mais hélas seulement en première partie du texte. On y suit deux histoires parallèles et sans rapport l'une avec l'autre : tout d'abord Flavio, jeune garçon élevé par ses grands-parents, qui ne sont pas vraiment ses grands-parents. Puis celle de Jan et Ida. Ida est une jeune femme d'affaires douée, riche banquière d'origine karste, cette petite principauté (imaginaire) nichée dans les Balkans. Jan en est le prince héritier déchu, devenu play-boy new-yorkais. Leur rencontre n'est pas vraiment fortuite. Ida, nostalgique de son pays d'origine, veut lui redonner toute sa splendeur perdue. Et pour cela, rien de tel qu'un prince déchu qui retrouve le pouvoir. Aidée par son ex-mari, QPS, un philosophe français, toujours en chemise blanche, à la belle chevelure fournie ondoyant savamment sur la nuque, fervent défenseur de l'Europe (ça ne vous rappelle pas quelqu'un ?), elle va réussir à remettre sur pied le Karst. Mais ne pourra éviter les conflits
.C'est un roman (?) qui peut être intéressant pour les personnes passionnées par l'histoire de l'Europe. C'est intelligent, bien construit, dense (trop ?), instructif. Parfois trop instructif, on est noyés sous les informations qui sont très détaillées.
On y croise des personnages réels (François Mitterand), des pans de l'Histoire réelle y sont racontés, d'autres sont imaginaires. La fin du "roman", totalement imaginaire celle-là, est assez loufoque. C'est peut-être ce que je retiendrai de ce livre.
Comme le dit Bernard-Henri Lévy, c'est un livre "déjanté et savant, baroque et érudit, l'un des meilleurs livres de la rentrée." On a envie de lui répondre : "Tu m'étonnes !" Sacré BHL !
Un roman à réserver aux personnes vraiment intéressées par l'Europe, et/ou par un certain philosophe français qui occupe une bonne partie du roman ;-)