Véritable portrait noir de l’Amérique profonde, ce roman met en scène Ree, une adolescente de seize ans, avec ses deux jeunes frères. Tous les trois ont été abandonnés à leur triste sort par leur père, Jessup Dolly, trafiquant de drogue en cavale, immature et menteur. Ils ne peuvent compter que sur Ree, car leur mère malade perd complètement la tête.
Lorsqu'un beau matin le shérif débarque pour leur annoncer qu'ils risquent d'être prochainement expulsés, Ree se met en quête de retrouver Jessup afin qu'il se présente au plus vite au tribunal pour lever l'hypothèque. Évidemment, tout ne va pas couler de source et rien ne va être épargné à Ree : ni la rudesse de l’hiver, alors que les placards sont vides et que les estomacs crient famine, ni les coups, ni les mensonges. Pourtant, elle va se relever coûte que coûte, avec un instinct de survie digne des héros de Dickens.
Une lecture qui m’a baladée pendant deux jours au cœur des paysages désolés, âpres et froids des Monts Ozarks. Beaucoup de descriptions, parfois même poétiques, qui font naître et défiler les forêts enneigées, les fermes en bois délabrées et les congères au bord de routes sinueuses. On marche, on respire, on s’embourbe avec Ree, ce bout de jeune femme fascinante de courage et de ténacité.
Il s'agit d'histoires de familles, de clans, de noms où l'on retrouve la rancœur, la loi du silence et les vengeances qui se perpétuent au fil des générations. C'est un de ces récits qui font écho à une réalité qui prend aux tripes. On pourrait dire qu'il révèle un autre visage de l’Amérique profonde mais finalement je l’ai trouvé si bouleversant d’humanité qu'en ce sens cette histoire pourrait se jouer partout où l'on retrouve le poids des legs du passé et de la misère sociale.