"Quand une personne raconte une histoire, c'est un mensonge. Quand une foule le répète, cela devient la vérité."
Telle est la magie du calame. Si un grand nombre de gens croit quelque chose, alors la force combinée de leur foi fait advenir cette chose, même si ce n'est pas naturel. C'est ainsi que Darran l'Indestructible peut survivre aux pires blessures, ou que la Princesse aux mille visages peut changer d'apparence à volonté. Mais c'est une magie capricieuse : ceux qui en bénéficient sont soumis aux aléas de l'opinion publique ; si personne ne pense à eux, ils perdent leurs pouvoirs. Et une magie vorace : les Gottaran sont appelés par la puissance du calame et en recherchent toujours davantage, jusqu'à la folie.
Le Roi Lumière ne survit que parce que son peuple le croit capable de maîtriser le feu. C'est pourquoi il doit tout faire pour conserver son trône et écraser les rebelles. Aussi a-t-il demandé au conteur D'Arterac de relater au peuple la légende de Darran Dahl, le meneur de la rébellion, en présentant celui-ci sous son plus mauvais jour, pour que sa renommée diminue. L'église au contraire voudrait que le conteur fasse de lui un héros pour encourager la sédition. Quant à la princesse rebelle Véra, elle voudrait que la nouvelle légende parle d'elle exclusivement. Soumis au chantage, quel sera le choix de D'Arterac ?
Sous couvert de donner tous les éléments de l'histoire au légendier, le deuxième tome de Calame reprend donc son récit à plusieurs voix, chacun relatant à son tour différents événements qui ont marqué l'histoire de la rébellion. Si c'est souvent Maura, la fille cachée de Darran, qui prend la parole, d'autres rebelles sont également interrogés. Aux chroniques de bataille se mêlent les épisodes plus personnels, formant par petites touches une histoire complète.
Le roman est d'autant plus prenant que ces nombreuses conversations s'insèrent dans une histoire qui continue d'avancer. Passé et présent s'entremêlent de la plus belle des façons. Maura oeuvre à libérer Darran, caché sous une fausse identité parmi les prisonniers retenus dans la forteresse de Frankand. Les dernières rebelles libres ne restent pas non plus inactives, tandis que la colère du roi monte inexorablement... L'action est continue et le rythme mené tambour battant.
La tension monte progressivement au fur et à mesure que la situation devient plus désespérée, et j'ai fini par ne plus pouvoir lâcher mon livre avant de connaitre le dénouement. Toutes les pièces finissent par trouver leur place dans un puzzle complexe mais néanmoins facile à comprendre. Paul Beorn nous a réservé maintes surprises bienvenues et c'est un vrai régal.
Calame est donc un diptyque de fantasy vraiment prenant, qui m'a fait passer un excellent moment. N'hésitez pas !