Les Chroniques de l'Imaginaire

Mademoiselle de Clermont - Genlis, Madame (de)

Peu connue des lecteurs contemporains, Madame de Genlis est une figure des lettres du XVIIIe siècle. Son œuvre vaste se décline en nouvelles, contes, pièces de théâtre, romans et ouvrages d'éducation. Elle a également laissé des Mémoires en dix volumes et a marqué son temps en fine observatrice de son époque, notamment en s'interrogeant sur le statut de la femme.

Le texte présenté dans ce volume serait une histoire vraie que Madame de Genlis a entendue d'une amie, l'histoire de "deux amants infortunés". Mademoiselle de Clermont est une jolie jeune femme, intelligente, éduquée, d'un caractère doux et agréable. Elle a pour habitude de lire à voix haute des romans et de charmer hommes comme femmes. Mais dans l'assistance, un auditeur retient son attention par sa réserve. Il reste en retrait et semble ne pas l'écouter. Pour cause, le salon de lecture est le seul lieu assez calme pour qu'il puisse laisser vagabonder ses pensées. Ce babillage autour des romans d'amour ne l'intéresse pas. Il préfère les essais et la réflexion.

Mademoiselle de Clermont entend ce reproche déguisé et, intriguée par cet homme séduisant malgré lui, s'efforce de lui plaire. La suite se devine aisément : ils tombent amoureux. Mais il y a un obstacle majeur : la condition de classe. Mademoiselle de Clermont est membre de la famille royale et Louis II de Melun, tel est son nom, n'est que duc.

C'est donc l'histoire d'un amour caché, contraint au secret. Une véritable histoire d'amour, émouvante et poignante, qui a fait souffrir les deux amants autant qu'elle les a exaltés. Madame de Genlis a su rendre hommage à ces deux personnages en ne les jugeant pas, en ne les blâmant à aucun moment, mais au contraire en mettant en lumière la sincérité de leurs sentiments et en condamnant les convenances qui empêchent deux êtres de s'aimer librement.

Cette nouvelle est d'autant plus émouvante qu'elle est merveilleusement écrite et que, selon toute vraisemblance, presque tout est vrai.