Mathilde a quarante ans et elle est en repos forcé dans une institution spécialisée. Sur les conseils de Dorine, sa psychiatre, elle livre toutes ses pensées dans un carnet, afin de détricoter les derniers mois qui l’ont amenée ici, dans cet institut de repos.
L’écriture de Mathilde alterne entre passé et présent, entre souvenirs parfois flous et tracas du quotidien. Sous sa plume on découvre Véronique, sa compagne de chambre, Armand un autre pensionnaire, qui n’aime plus que le football et Moustache, l’une des surveillantes qui fait tout pour rendre le quotidien des patients moins facile. On fait la connaissance de son fils, Ruben, qu’elle aime de tout son cœur, et son mari Simon, avec qui les relations, ces derniers temps, sont un peu difficiles.
Mathilde se livre au fur et à mesure à une introspection qui doit lui permettre de surmonter ses problèmes. Elle y évoque Charly, son frère, et sa femme. Mais aussi sa rencontre avec Daphné, à cause de qui tout va basculer.
J’ai beaucoup aimé suivre les pensées que Mathilde couche sur le papier. Il n’y a rien de plus intime qu’un journal, et le format de ce roman permet une plongée dans le cœur des émotions qu’elle ressent au fil du temps.
On comprend assez vite que la vie de Mathilde, avant le souci qui l’a amenée là, n’était déjà plus qu’un long fleuve trop tranquille, monotone, et qui manquait sans doute d’une pointe de folie. Car c’est quelque chose que l’on comprend vite : il manquait quelque chose à la vie de Mathilde. Quelque chose d’important. Mais quoi ? Elle cherche donc à rassembler ses souvenirs, et nous sommes là à croiser les doigts pour qu’elle se souvienne de quelque chose, car nous aussi tout comme la psychiatre, ainsi que son mari et sa famille, nous voulons savoir ce qui s’est passé.
Un roman intéressant pour suivre les pensées d’une personne en souffrance, sur un thème connu, mais avec un point de vue uniquement de l’intérieur.
La plume de Sophie Henrionnet arrive à croquer en quelques mots les personnes qui entourent Mathilde, et j’ai bien cru reconnaître un peu de l’infirmière Ratched (personnage aussi détestable qu’emblématique de Vol au-dessus d’un nid de coucou) sous les traits de Moustache, la méchante surveillante. Les autres pensionnaires sont touchants à leur manière et apportent parfois quelques moments cocasses, et on se réjouit avec Mathilde quand l’un d’entre eux va mieux. Et on se demande qui, décidément, vole les culottes…