Dans une galerie new-yorkaise, une mystérieuse dame d'une élégance passée de mode accable un vendeur de questions au sujet d'une vieille toile. La cliente veut à tout prix acheter une peinture de Waldegrave, un portrait de famille qui a mal supporté le passage du temps. Mais pour Vincent Pearson, ce tableau n'est pas dans le catalogue de vente et il ne souhaite aucunement s'en séparer.
Dans le Connecticut voisin, deux pêcheurs remontent un cadavre à la surface d'un lac. Un corps sans peau. Pour le shérif Jack Smith du comté de Litchfield, ce n'est que le premier d'une série.
Si la famille Pearson vient du Connecticut et y possède toujours une résidence, les Gray viennent d'y réinvestir leur domaine après un long exil en Europe. Quel est le terrible lien qui unit ces deux vieilles familles et pourquoi les Gray veulent-ils tant mettre la main sur la croute peinte par Waldegrave à la fin du siècle précédent ?
Ce bouquin commence par une énorme surprise. Le prologue se déroule dans l'Ardenne belge avec une auto-stoppeuse voulant se rendre à Liège, au détour du château de Vêves (élu patrimoine bâti préféré de Wallonie en 2019) ! En fait, pour l'ambiance grise, froide et brumeuse de l'Ardenne en hiver, c'est pas mal du tout pour démarrer un roman d'horreur.
Masterton nous fait vite quitter le vieux continent pour arriver en Nouvelle-Angleterre dans des années quatre-vingt bien senties. Comme à son habitude, Masterton construit une ambiance prenante, des personnages bien identifiables en peu de lignes, du gore bien réglé et groupe le tout dans un texte qui se lit très vite, autant par son écriture simple et dynamique que par le suspense que l'auteur compose.
J'ai eu du mal à lâcher ce livre même si je dois avouer que les différents dénouements au bout de la tension dramatique ne sont pas surprenants pour peu que vous connaissiez les codes du genre ou ce qui tourne autour de Dorian Gray (celui d'Oscar Wilde).
Mais c'est le voyage qui compte et Masterton connaît son job. Il démontre son originalité à de nombreuses reprises pour proposer sa propre version de Gray (qui n'a rien à voir avec The Devil in Gray - Le diable en gris). La toute fin de l'histoire est un de ces moments, étonnante, bien trouvée et bien amenée.
Bref, Le portrait du Mal de Masterton est comme un bon film d'horreur à voir le soir d'Halloween avec un grand paquet de popcorn. Vous passerez un bon moment en compagnie des Gray et des Pearson et vous en redemanderez !