Ce numéro 27 de la revue GandahaR se démarque de la plupart des autres numéros car il n’est pas consacré à une thématique précise. La découverte de l’inconnu, que ce soit dans l’espace ou dans les profondeurs sous-marines, et de l’Autre, extraterrestre, créature ou humain, est néanmoins le fil rouge de la plupart des nouvelles.
Le numéro s’ouvre sur une nouvelle de Neil R. Jones, auteur américain de SF et père du Professeur Jameson, dernier Terrien vivant. Les tueurs d’étoiles, écrite en 1954, est assez distrayante : le professeur Jameson et ses amis robots extraterrestres se posent sur une planète invisible et sont attaqués par des créatures monstrueuses. L’enchaînement des actions, les dialogues, les réflexions du professeur Jameson, sont assez simplistes et confèrent à l’ensemble un ton décalé, presque comique.
La nouvelle suivante, La planète de l’oubli, écrite par Jean-Pierre Fontana en 1966, nous emmène non plus sur une planète invisible mais sur une planète où la connaissance s’étiole. Ce texte est rendu particulièrement intense par le compte-à-rebours redoutable auquel doit faire face le protagoniste.
Dans Un monde plus tard, de Philippe Caza, on reste sur Terre et avec nos souvenirs mais la planète a bien changé. Écrite en 2020, cette nouvelle est un appel à se focaliser sur l’essentiel.
Christophe Guillemain et Wilfried Renaut interrogent également le futur de la planète et de l’humanité. La première nouvelle, le Rachat de l’Homme met en garde contre les donneurs de leçons et la flagellation à outrance. On y suit un humain acheté par une secte voulant faire expier à l’humanité la perte de sa planète à travers de terribles épreuves. J’ai particulièrement apprécié ce texte, avec un protagoniste intriguant et une intrigue bien ficelée. Dans la seconde nouvelle, Colonie Cathédrale, les survivants d’une catastrophe planétaire sont la proie d’un ennemi redoutable.
Dans les Golems de graphène, Tristan Piguet pose la question de l’accumulation des déchets, y compris numériques, et de leur futur. Le final, mi-poétique, mi-philosophique, est particulièrement réussi.
De Profundis, la nouvelle écrite par Grégory Covin, est l’une de mes préférées de ce numéro. Nous sommes plongés avec le protagoniste à des profondeurs records dans un sous-marin grinçant et en compagnie d’un odieux criminel qu’il faut débusquer. L’environnement claustrophobe, anxiogène est particulièrement efficace. On est ici à mi-chemin entre l’horreur et le thriller. S’y ajoute une dose de SF bien sentie. On reste dans les océans avec la nouvelle suivante.
Dans Homo Abyssalis, Emma Cornellis alterne les points de vue entre un être de la surface et un être sous la surface. Le tout revisite un conte bien connu et est empreint d’une atmosphère quelque peu poétique.
Avec Les Lueurs du sanctuaire de sel, Julien Brethiot nous fait découvrir des abysses bien moins sympathiques, où les humains en quête de richesses doivent prendre garde à plus d’un titre.
Jonathan Grandin, dans Cygnus X-Encelade Destination Haigou, nous montre que les aventuriers désinvoltes de l’espace peuvent parfois conduire à des catastrophes… comme à des dénouements heureux.
Dominique Besnard conclut admirablement le volet « nouvelles » du numéro avec L’astéroïde. On y suit un jeune extraterrestre accidentellement oublié sur un astéroïde. Comique et légère, c’est la nouvelle idéale pour sortir de la lecture de ce numéro sur une note optimiste.
Le numéro contient également les chroniques de dix ouvrages, rédigées par Christine Brignon et Martin Hermant.