La partie de la revue consacrée aux articles de fond est plus étoffée que dans la plupart des numéros, ce qui fait que les textes de fiction y sont comparativement moins nombreux, ce qui ne veut certes pas dire moins intéressants !
Fermer le Big Bang, de Michèle Laframboise : Guess37 a loué le bar le plus cher de l'univers pour offrir une fête à des amis aussi vieux et riches que lui. Mais une petite chose va le contrarier. Ce texte plein d'un humour discret, plus original que le début ne le laissait prévoir, m'a bien plu, avec son finale (presque) aussi grandiose que celui de Nova, de Delany.
La distorsion de Lebarne, de Dave Côté : Akilal se joint à un groupe de marcheurs héroïques, et même s'il les aide (qu'ils le sachent ou pas) il a ses propres buts. Un autre texte à considérer au second degré, et dont le ton sarcastique rend la lecture fort plaisante. Comme dans le cas de la nouvelle précédente, un univers entier est suggéré en arrière-plan, et cela fait partie du plaisir du lecteur, qui ne peut que saluer le talent de l'autrice et de l'auteur concerné.e.
Pauvre Jack ! : avec ce texte, Jean Pettigrew, qu'il est bien agréable de découvrir avec une autre casquette que celle d'éditorialiste de la revue, re-visite la figure du célèbre Eventreur, dans un style magnifiquement victorien quant à l'écriture... et totalement gore !
Gamma, de Oskar Källner : deux être composés quasiment de pure conscience s'éloignent de leurs semblables pour poursuivre leur voyage dans le vide de plus en plus désolé de l'univers en train de mourir. L'auteur est certes talentueux pour avoir réussi à rendre crédibles les personnages immatériels de cette nouvelle.
Dans son article de fond Les manipulateurs d'âmes, Jean-Pierre Laigle situe l'origine de la supposition quant à l'existence, plus ou moins matérielle, de l'âme, puis l'évolution de la façon dont elle a été décrite, d'abord en philosophie, puis en littérature, puis bien sûr dans le domaine de l'imaginaire, tant écrit que visuel.
Mario Tessier, dans ses Carnets du Futurible consacrés au Cosmos intérieur, ou l'évolution du planétarium, nous renvoie d'une certaine façon à la dernière nouvelle, puisqu'ici aussi il est question d'étoiles, et de la façon dont nous les voyons, ou pas, ou plus, suite à la quasi-éviction de la nuit, et donc de la vision de l'univers, du domaine habité humain. Les multiples façons dont les humains se sont obstinés à figurer le cosmos dans leur espace intérieur, habité ou public, depuis l'Antiquité sont fascinantes, et on ne peut qu'être reconnaissant.e à l'auteur pour son exhaustivité et sa verve.
Enfin, la partie des critiques, toujours aussi riche et bien argumentée, fourmille de pistes de lectures pour tous les goûts !