Un jour, Meg et Gavin reçoivent la visite d'un ménestrel bossu qui leur demande le gîte et le couvert pour une nuit. Il fait froid, le voyageur semble bien fatigué, un peu fiévreux. Le couple l'accueille gentiment, comme à leur habitude, lui offrant chaleur et réconfort. En échange de leur bonté, le voyageur sort de sous sa cape ce qui n'était pas une bosse, mais une harpe, et leur interprète des chansons de son invention, ou des chansons connues.
Comme tout ménestrel qui se respecte, il leur raconte également les nouvelles du royaume, ses visites auprès du Roi et de la Reine, et finalement, ce n'est pas pour une seule nuit qu'il s'installe chez le gentil couple de personnes âgées, mais pour plusieurs semaines. Meg a un faible pour celui qu'elle considère, sans vouloir se l'avouer, comme le fils qu'ils n'ont pas eu. Gavin est un peu plus bourru, mais il l'aime bien, son Tom. Thomas prend alors l'habitude, entre deux voyages, de revenir passer quelques semaines chez ses deux amis. Peut-être que la présence d'Elspeth, la jeune voisine, n'est pas non plus étrangère à ses nombreux et longs séjours !
Aussi, lorsqu'un jour Thomas, parti méditer tranquillement dans la campagne environnante, disparaît soudainement sans laisser aucune trace, c'est la stupeur dans le village. Il a même laissé sa harpe chez Meg et Gavin. Son départ n'était donc pas prémédité.
Le roman se divise en quatre parties. La première partie, racontée par Gavin, s'achève sur la disparition du joueur de harpe.
La deuxième partie est racontée par Thomas. Ce jour-là, il est parti se promener, ayant besoin de solitude pour rêver, se détendre. Il s'assoupit sous un arbre. Il est alors réveillé par la plus belle femme qu'il ait jamais vue. Elle lui offre un baiser qu'il accepte bien volontiers, étant un homme amoureux des femmes. Ce baiser va le mener au royaume des Fées et des Elfes dont la femme est la Reine. Par ce baiser, il s'est engagé à y passer sept années, au service de sa Dame, sans jamais adresser la parole à quiconque, hormis la Reine. C'est la partie la plus longue du roman, et celle qui m'a le plus plu, tant par son écriture que par son atmosphère de magie et de poésie, teintée en permanence d'une pointe de danger.
La troisième partie, racontée par Meg, décrit le retour de Thomas au bout de sept ans.
Et la dernière partie, racontée par Elspeth, décrit les derniers jours de son beau Thomas. Il est revenu doté d'un don terrible : celui de ne dire que la vérité, et surtout de prédire l'avenir.
C'est un roman magnifique, très dépaysant, surtout lorsque Thomas raconte son séjour au pays des Elfes, son combat contre ceux qui ne lui veulent pas du bien, son amour pour sa Reine, mais aussi sa nostalgie de son vrai monde.
Le tour de force de l'autrice est d'avoir parfaitement su transcrire les mots de chacun des quatre protagonistes selon leur nature. La première partie, celle de Gavin, est écrite dans son langage un peu grossier, paysan, mais sans exagérer, très facile à lire. La deuxième partie, celle de Thomas, est plus poétique, plus littéraire. Normal, c'est un ménestrel plein de talents pour écrire des chansons, et aussi pour raconter.
L'autrice s'est inspirée d'une très ancienne ballade écossaise et le résultat est vraiment une réussite.
L'ensemble est très poétique, plein de charme, sans jamais être mièvre. Bien au contraire, tout est fait avec beaucoup d'intelligence et de maîtrise.
Un très beau roman.