Les Chroniques de l'Imaginaire

Projet Vatican XVII - Simak, Clifford D.

Médecin de son état, Jason Tennyson se retrouve dans la peau peu enviable d'un fugitif. Pour quitter Gutshot, la planète où il s'était fait une vie, il n'a pas le choix et saute dans le premier cargo stellaire qui passe. Le Wayfarer le conduit à Seuil de Rien, qui comme son nom l'indique est située au fin fond des confins de la galaxie. C'est un endroit très tranquille, loin de tout, bref, idéal pour se faire oublier.

Jason y découvre une étonnante civilisation. Arrivés mille ans auparavant sur Seuil de Rien, des robots humains ont fondé une cité, qu'ils ont baptisée Vatican XVII, et développé une religion qui doit beaucoup, mais pas seulement, au christianisme, avec des robots cardinaux et des robots prêtres. Ils ont même mis au point un pape informatique, qu'ils alimentent constamment en données afin qu'il puisse jouer son rôle de meneur infaillible. Ces données sont recueillies par des voyants, les Écoutants, capables de projeter leur esprit à travers le cosmos.

Néanmoins, Seuil de Rien n'est pas aussi calme qu'il y paraît. Comment interpréter les visions du Paradis rapportées par l'Écoutante Mary ? Que sont les Anciens, ces créatures invisibles qui hantent les terres encore sauvages de la planète ? Et ce Chuchoteur qui partage l'esprit du colon Thomas Decker, qui est-il, et que veut-il ? Accompagné de Jill, journaliste terrienne en quête d'un scoop, Jason va devoir percer à jour tous ces secrets pour éviter une catastrophe que nul ne saurait prévoir.

Projet Vatican XVII est l'un des derniers romans de Clifford D. Simak, l'un des grands écrivains de l'âge d'or de la science-fiction américaine. Même s'il est sorti en 1981, il aurait tout aussi bien pu paraître quinze ou vingt-cinq ans plus tôt, tant son style, sa structure et ses personnages rappellent les années 50 et 60. L'intrigue est simple et sans fioriture, les mystères sont résolus de manière très simple et terre à terre, les personnages dépourvus d'ambiguïté, l'amour qui ne manque pas de naître entre Jason et Jill s'impose comme une évidence, au point qu'on pourrait presque taxer le livre de naïveté.

Le thème fondamental du livre est l'opposition entre la connaissance et la foi. L'une doit-elle procéder de l'autre, et si oui, laquelle ? Ce débat revient fréquemment dans le récit, au point que certains passages se lisent davantage comme des dialogues philosophiques que comme un roman de science-fiction. Il n'est jamais vraiment tranché et Simak donne l'impression de passer à côté de son propos en concluant son livre sur un défilé de races extraterrestres bizarres au lieu de se concentrer sur sa meilleure idée, celle d'une religion conçue et pratiquée par des robots. Les robots peuvent-ils avoir une âme ? Une religion robotique, est-ce un oxymore ? Si non, quelle forme peut-elle prendre ? Ces questions sont abordées trop superficiellement pour susciter davantage qu'un début de réflexion. Dommage.

J'ai lu sans déplaisir Projet Vatican XVII, mais il m'a laissé un goût d'inachevé. Si vous aimez la science-fiction à la (grand-)papa, vous passerez sans doute un bon moment, mais le résumé semblait promettre davantage.