Les Chroniques de l'Imaginaire

Des Français à Hollywood (Frenchmania - 2)

Frenchmania est une revue à mi-chemin entre le magazine et le livre, spécialisée sur le cinéma français. Dans ce numéro 2, printemps-été 2021, Frenchmania nous emmène à la découverte des Français à Hollywood. 

Le numéro s’ouvre par une playlist concoctée par Barbara Carlotti, spécialement en lien avec le contenu. Même si je n’écoute pas de musique en lisant, je n’ai pu qu’approuver son choix de sélection : Le Petit Chevalier, de Nico, en lien avec le scénario présenté dans la revue et prenant place dans un désert. Les choix qu’elle a effectués sont à la fois recherchés et suffisamment diversifiés pour plaire à un large public. Je trouve aussi l’idée d’une BO de la revue très intéressante. 

Le premier article, écrit par Ava Cahen, est consacré à la France et aux Français dans les films de Woody Allen. Il revient donc sur sa filmographie par ordre chronologique en commentant l’influence française sur son œuvre. Instructif et concis, il plaira aux amateurs de ce cinéaste.

La partie À l’œuvre comporte d’abord un Moodboard, Mintaka, de Chris Huby. Il nous présente des fragments de scénarios, des idées de prises de vue, de décor en lien avec un projet de film. Pour ceux qui, comme moi, sont relativement novices en la matière, il est fascinant de découvrir ces éléments entourant la formation d’un projet cinématographique. Et on ne s’arrête pas là puisque c’est l’objet de la section dans son ensemble que de nous donner à voir l’envers du décor. 

Le pitch est dévolu à Vingt ans, deuxième long-métrage de Lidia Leber Terki. La réalisatrice et scénariste nous évoque l’origine de son déclic pour le cinéma, les créations de ses courts-métrages puis de son premier long-métrage avant de nous livre le pitch de son prochain long-métrage, ses intentions, sa bande-son. Je dois avouer n’avoir jamais vu aucun des projets présentés mais j’ai pris grand plaisir à lire le parcours de la cinéaste.

Le journal de bord est consacré au tournage de My son de Christian Caron. Je crois qu’il s’agit de l’article qui m’a le plus scotchée pour cette section. Le réalisateur nous explique comment s’est monté le projet de cette adaptation anglophone de Mon garçon, comment s’est déroulé le tournage dans des conditions très particulières, laissant la part belle à l’improvisation et en pleine crise sanitaire. L’amour pour son projet transparaît à travers ses propos et donne très envie de voir le film, en salles si tout va bien.

On entre ensuite dans le vif du sujet avec le dossier Des Français à Hollywood

Dans Frenchies go to Hollywood, Didier Roth-Bettoni nous retrace l’histoire passionnante du lien entre les Français et Hollywood des années 1900 à nos jours, de leurs succès à leurs coups d’épée dans l’eau, et nous donne envie de nous replonger dans de vieux films. 

Dans Les Français à Hollywood vus par la critique internationale, Lisa Nesselson et Ben Croll nous livrent leur vision personnelle de l’intérêt pour les Français aux États-Unis. Il s’agit du compagnon parfait à l’article précédent. Claude Lelouch évoque ensuite, pour Mathieu Guetta, son vécu des tournages aux États-Unis et sa vision de ce pays.

Ariane Allard nous présente, dans Réalisatrices en série, quatre réalisatrices françaises saluées à l’international, avant d’interroger Laure de Clermont-Tonnerre sur sa propre expérience de réalisatrice française aux États-Unis. Les explications sur les différences dans les méthodes de tournage françaises et américaines, entre films, entre séries, sont instructives. 

Dans Go West, Frédéric Mercier évoque lui des réalisateurs masculins, eux aussi partis conquérir l’Amérique avec plus ou moins de succès. Pendant de l’interview de Laure de Clermont-Tonnerre par Ariane Allard, celle d’Olivier Megaton par Frédéric Mercier nous donne des clefs pour comprendre le lien entre les réalisateurs et les plateformes de série, sans langue de bois.

Julie Delpy nous offre également, à travers les questions de Franck Finance-Madudeira, sa vision de son travail aux États-Unis. Suivent un article d’Ava Cahen sur Quentin Dupieux et de son imaginaire américain et une interview de Roxanne Mesquida par Franck Finance-Madudeira, où il est question de tenter sa chance aux États-Unis comme actrice et de Los Angeles.

La partie Rencontres m’a également captivée avec sa découverte d’un métier, d’un spécial guest et d’archives
Amine Bouhafa nous raconte son métier de compositeur de musique de films. Il est passionnant d’avoir un aperçu de cette convergence des images et des sons.
Le special guest est Francis Lee, dont Elli Mastourou a recueilli les propos. J’ai apprécié la découverte de ce cinéaste un peu hors normes, qui nous évoque ses films francophones préférés.
Les archives nous présentent, grâce à Franck Finance-Madudeira, les films fantômes de Ducastel et Martineau, ceux auxquels ils n’ont jamais pu donner naissance mais qui planent sur les autres œuvres. Cet envers des coulisses de la décision de donner suite ou non à un projet, sous forme d’interview, est très instructif pour les néophytes.

La partie suivante est intitulée feuilletons et comprend les sections Séries, Récit, Anticipation, Scénario. 
L’article sur les séries est consacré à la Grande histoire des séries françaises. Il s’agit de l’épisode 2/4, consacré aux années 80-90 et rédigé par Xavier Leherpeur. Je pense que cet article, qui revient sur les grandes tendances, les séries les plus connues mais aussi les petites pépites, parlera à certains téléspectateurs. Pour ma part, je n’ai pas connu cette période mais ai néanmoins lu ce papier avec curiosité.
Dans un focus, Les séries télé découvrent la couleur, Aline Mayard évoque l’ouverture en demi-teinte de la télévision à la diversité puis le prix Alice Guy tandis que Véronique Le Bris évoque les avancées Vers la parité pour la période 2018-2021.
La section Anticipation est consacrée aux Écrans et nous en 2030 et est rédigée par Alex Masson. Il y est question des grandes tendances à l’œuvre dans le paysage audiovisuel et de l’accélération provoquée par la pandémie dans les transformations déjà amorcées.
La section Scénario est une sorte de cadavre exquis de scénario, cette partie étant écrite par Anna Cazenave Cambet.

Le cahier de tendances est réalisé par Alex Lux, dont les propos ont été recueillis par Ava Cahen et Franck Finance-Madudeira. Il y est question de « e-cinéma », c’est-à-dire de cinéma spécialement conçu par et pour les plateformes, de théâtre et du roman qu’il adaptera au cinéma. 

La sélection Pépite de ce numéro nous est présentée par Mathieu Guetta. Il s’agit du film Un monde qui me plait de Claude Lelouch, qui permet de faire le lien avec l’interview du réalisateur présente dans le même numéro et, pour ceux qui ne connaissent pas ce film, de donner envie de le découvrir. 

La Nouvelle du numéro est Falaises, d’Anne Pauly, l’histoire d’un couple en pleine tempête. 

Le numéro se clôt avec une touche plus légère, via la rubrique Films à croquer qui nous dévoile la recette du kebab du film Grave, délivrée par Mikaela Liaroutsos. On a bien sûr envie de se mettre aux fourneaux et de la tester.

Tout au long du numéro, les dessins de Francisco Bianchi, clairs, précis, élégants apportent une véritable identité au magazine.

Pour résumer : que de choses à découvrir sur le cinéma ! Le travail accompli est considérable et de grande qualité. Scénario, réalisation, musique, on en apprend dans de nombreux domaines. Les amateurs ou les curieux seront ravis. Personnellement, j’ai hâte de voir ce que le prochain numéro nous réserve !