En l'an 1193, Guilhem d'Ussel est de retour en Normandie avec quelques compagnons chevaliers et son servant d'armes Enguerrand. Lors de ses précédentes aventures, Guilhem avait libéré par la force ce dernier qui était serf de l'abbaye du Bec alors qu'il était violemment maltraité par les gardes de l'abbaye. Puis tous les deux s'étaient joints à un groupe de chevaliers en partance pour une expédition dans le Saint Empire. Leur entreprise ayant échoué, ils sont tout de même revenus chargés d'un beau butin. Guilhem compte ainsi racheter la liberté d'Enguerrand auprès de l'abbé du Bec et indemniser les gardes survivants et les familles de ceux qu'il a dû estourbir pour libérer son futur compagnon. En dépit de ses réticences, l'abbé accepte, contre espèces sonnantes et trébuchantes, d'affranchir Enguerrand. Mais Thurstan, le prévôt de l'abbaye, n'accepte pas cette décision et l'humiliation qu'ont subie ses gardes ; il ne compte pas en rester là.
Par ailleurs, Guilhem, en sauvant le jeune Gautier de Brionne d'une tentative de rapt par des soudards, va se mettre à dos Eudes du Pin, l'intendant du château de Brionne. En ces temps-là, la Normandie est fidèle au roi Jean sans Terre, frère de Richard Cœur de Lion. Mais le roi de France cherche à se l'approprier en profitant de l'emprisonnement du roi d'Angleterre et de la faiblesse de son frère. Le château de Brionne est alors une place stratégique car située aux confins des terres anglaises et françaises.
Guilhem s'est fait de puissants ennemis et finit par tomber dans un guet-apens où il est laissé pour mort. Il ne devra la vie qu'à des pauvres gens qui vivent cachés dans les bois. Avec ces compagnons d'infortune, Guilhem va préparer une terrible vengeance qui fera tant de bruit qu'elle remontera jusqu'au roi de France qui ne pourra laisser impunis de tels actes. Notre héros sera traqué sans répit par de nombreux hommes d'armes pour le compte de différentes factions, et malheureusement une seule chose l'attend : la mort.
Une nouvelle fois, Guilhem se retrouve embarqué dans des aventures où il risque sa vie et celle des autres. Le destin n'est pas tendre avec lui mais j'aime assez ce personnage créé par Jean d'Aillon, ce jeune chevalier sans terre qui parcourt le royaume, doté de deux talents qui font de lui un véritable chevalier errant : l'habileté aux armes et une certaine maîtrise de l'art du troubadour. De par son passé difficile, Guilhem a pour principe de ne défendre que des causes qu'il estime justes et surtout n'a qu'une parole. Lorsqu'il jure fidélité à quelqu'un, il va jusqu'au bout même si cela risque de lui coûter la vie. C'est un chevalier sans peur mais pas sans reproche. J'apprécie ce côté sombre, car malgré son âge, il a commis beaucoup d'atrocités dans sa jeunesse et lorsqu'il se venge c'est toujours dans le sang. Mieux vaut ne pas être son ennemi. On le sent taraudé par ce qu'il a fait lorsqu'il était dans une bande de routiers, et même s'il ne craint pas Dieu, il s'inquiète toujours un peu des conséquences de ses actes passés.
Jean d'Aillon restitue encore parfaitement la vie et l'atmosphère de l'époque, le contexte historique est parfaitement rendu, on est littéralement plongé dans les manigances des nobles et des rois qui n'avaient qu'un intérêt : le leur, sans pitié pour ceux qui se mettaient en travers de leur chemin. Les trahisons, les rebondissements, les combats se succèdent sans répit dans cette intrigue qui nous tient en haleine jusqu'au bout. Même si notre héros semble invincible, il y a toujours un moment dans ses aventures où il se retrouve confronté à la mort. C'est une série efficace, à chaque fois je me laisse prendre et entraîner au gré des histoires qui croisent toujours celle de la grande Histoire. C'est le point fort de l'auteur, savoir toujours faire coïncider ses romans avec des épisodes de l'histoire de France, avec ses personnages qui s'insèrent dans des faits historiques réels.
Que d'aventures dans ce roman et cette série dont j'attends toujours avec impatience le tome suivant !