Les Chroniques de l'Imaginaire

Métamorphoses 1 (GandahaR - 28)

La métamorphose : voilà un concept qui fascine l'humanité depuis Ovide au moins. C'est un thème qui peut être traité de tellement de manières, de l'horreur à l'humour, de la SF au fantastique, en passant par le tragique ou le contemplatif, qu'il n'est pas étonnant que GandahaR ait décidé de lui consacrer deux numéros. À eux deux, ce numéro 28 et le numéro 29 à paraître rassembleront en tout vingt-deux nouvelles tournant autour de ce sujet.

Certains auteurs ont choisi un ton proche des contes de fées. Ainsi, Philippe Caza (qui signe également la couverture) ouvre le bal avec Le sang de Belle, une variation sur La Belle et la Bête dans laquelle le monstre n'est pas celui qu'on croit. Plus loin, Mille vies de trop de Marie Angel raconte la longue existence d'un kitsune, esprit-renard japonais, entre tendresse et amertume.

D'autres ont opté pour un cadre futuriste ou post-apocalyptique pour mieux questionner le présent. Dans Gaïa, de Grégoire Epitalon, l'hybridation avec les plantes constitue une planche de salut pour l'humanité en ruines, tandis que Florentin Certaldi propose avec Stryge une vision très pessimiste du futur de l'Amazonie, où l'espoir n'existe plus que sous la forme d'une chanteuse génétiquement modifiée.

Une science-fiction moins proche a également inspiré Trans-Ultra de J.L. Martin, avec une bureaucratie chargée de réguler l'écoulement du temps (sans doute le texte dont le rapport au thème est le plus ténu), Quand vient le temps des holomorphoses de Frédéric Darriet, où d'étranges créatures accomplissent un non moins étrange rituel où la métamorphose est la clef du savoir, ou Les Nécrophores de Wilfried Renaut, où c'est la traduction-transformation d'un ancien texte sacré qui ouvre la voie à une métamorphose cosmique. La chute d'une vie, de Fabrice Pittet, décrit quant à elle à la manière d'un documentaire animalier le cycle de vie d'une créature étrange, que l'on pourrait aussi bien imaginer dans un continent de fantasy que sur une planète de SF.

Les autres textes appartiennent plutôt au genre fantastique. Les marginaux, de Lorelei Lenn, nous embarque dans une étrange traversée qui n'est accessible qu'à ceux qui errent sans but la nuit dans les rues de la ville. Enfin, Coquelet, de Philippe Cadiou, et Eux, de Brice et Romain Le Roux, choisissent un angle similaire en dépeignant des parents confrontés à la métamorphose aussi brutale qu'incompréhensible de leur enfant. Ce sont deux textes particulièrement poignants et suffisamment distincts pour ne pas donner d'impression de redite.

Le sommaire est complété par les chroniques des dernières lectures de Martine Hermant et Christine Brignon, ainsi qu'un retour sur les deux premiers romans du cycle des Mythagos de l'écrivain britannique Robert Holdstock. De quoi conclure en beauté ce bien chouette numéro, en attendant le prochain pour davantage de nouvelles métamorphiques !