Les choses ont changé, pour Tonio, maintenant qu'on lui a demandé de tuer un homme de sang froid... Vitto pense que c'est bien Tonio qui a tué cet inconnu, mais il n'en est rien : c'est Giuseppe qui a fait le coup, après avoir réussi à récupérer des papiers pour repasser les contrôles à l'entrée d'Ellis Island. Mais il reste que pour la mafia, Tonio est maintenant quelqu'un de fiable, à qui on peut confier ce genre de travail.
D'ailleurs, la nouvelle ne tarde pas à gagner la Sicile, et la famille Ripponi plus particulièrement. L'argent coule à flot dans le village de Tonio, et Nadia, qui habite chez les Ripponi, est surprise d'apprendre que Tonio n'est toujours pas allé rendre une visite à sa tante, à New York. Peu à peu, la jeune femme, qui donne des cours d'anglais au village, se lasse d'attendre des nouvelles de celui qu'elle croyait être son fiancé. Elle ne tarde pas à se laisser séduire par Fabio, le grand-frère de Tonio, qui lui promet bientôt un voyage pour New York...
Pendant ce temps, Tonio continue ses petites affaires, avec Giuseppe comme compagnon. Vitto ne tarde pas à lui faire rencontrer son propre patron, Paul Kelly, qui contrôle tout le trafic du Lower East Side. C'est pour lui que Tonio a dû tuer un homme de main, envoyé par une autre famille sicilienne. La rencontre, nocturne, prend une drôle de tournure, lorsque Giuseppe envoie Vitto à la noyade, sous les yeux de Paul Kelly et de son homme de main. Désormais, Tonio pourra traiter en direct avec Paul Kelly...
Mais les événements vont prendre une tournure encore plus inattendue, lorsque Tonio va tomber sur Nadia et Fabio, qui viennent de faire la traversée pour rejoindre New York. Nadia se fait porter pâle pour être mise en quarantaine sur Ellis Island, au grand désespoir de Fabio, qui est pris d'une jalousie maladive vis-à-vis de son jeune frère. Ce dernier a volé l'argent envoyé au village par Tonio pour faire le voyage avec Nadia. Il devra aussi apprendre ce qui est arrivé à Vitto, pour le rapporter aux Ripponi...
Ce second tome d'Ellis Island vient clore de bien belle manière un diptyque imaginé par Philippe Charlot, et admirablement mis en image par Miras. La série, qui paraît chez Grand Angle, est l'occasion d'en savoir un peu plus sur le fonctionnement d'Ellis Island, pour tout nouvel arrivant en Amérique, au début du vingtième siècle.
Les événements s'accélèrent, et les rebondissement sont de la partie, dans ce second tome où Tonio est embarqué dans bien des histoires différentes, entre le meurtre qu'il n'a pas commis, le fait de monter les échelons de la mafia, son amour toujours intact pour une femme qui est maintenant avec son propre frère, et des petites affaires qui suivent leur cours avec les milliers d'immigrés qui espèrent une vie meilleure en arrivant au pays de l'Oncle Sam...
La narration est toujours très efficace dans ce second tome : c'est avec plaisir qu'on voit évoluer des personnages attachants, et qu'on découvre des flashbacks ou des passages qui ont lieu en Sicile, avant de revenir sur Ellis Island. Si le tome précédent traitait plus du fonctionnement d'Ellis Island, c'est plus le fonctionnement de la mafia, et les liens avec la Sicile, qui sont abordés dans ce second tome. D'un point de vue graphique, c'est toujours aussi réussi, dans la droite lignée du premier tome : les décors sont réussis, les personnages sont parfaitement crédibles et suffisamment différenciés pour que le lecteur n'ait aucun mal à distinguer tel ou tel personnage. Les couleurs, très réussies, sont à mettre en avant dans ce diptyque, avec des atmosphères de port maritime parfaitement réussies.
En bref, Ellis Island est un diptyque réussi, qui marie le côté historique du lieu avec une histoire qui pourrait être issue de films comme Le Parrain : à mettre entre un maximum de mains pour faire découvrir ces auteurs talentueux au plus grand nombre !
