Les Chroniques de l'Imaginaire

Une histoire de chevaux et d'hommes - Lunde, Maja

Ce roman suit trois lignes temporelles, à des moments importants pour le cheval de Przewalski, au moins pour deux d'entre elles, cependant que la troisième, qui se déroule en 2064, met en scène un possible avenir.

A la fin du XIXe siècle, le sous-directeur du zoo de Saint-Petersbourg est très excité d'apprendre que ce qui semble être des survivants des anciens chevaux préhistoriques ont été découverts en Mongolie. Il veut absolument en importer, sûr qu'ils seront le fleuron de son parc, et une manne financière en terme de nombre d'entrées. Il contacte un explorateur aguerri, Wilhelm Wolff. Celui-ci a consacré sa vie à ramener en Europe des animaux sauvages de lieux éloignés. Après une longue hésitation, Wolff décide de monter cette expédition.

Un siècle plus tard, Karin est vétérinaire, et obsédée depuis son enfance par les chevaux de Przewalski. Son projet est de réintroduire en Mongolie des chevaux élevés en France en semi-liberté. A cet effet, elle accompagne une dizaine de chevaux, dont trois étalons, jusqu'au parc de Hustai, où elle rejoint Djötchi, qui est le responsable local. Son fils adulte Mathias part avec elle, en partie pour se détacher de son addiction à l'héroïne.

En 2064, Eva et sa fille Isabelle survivent tant bien que mal dans leur ferme aux environs de Heiane en Norvège. Alors qu'Eva tient absolument à rester sur place pour y maintenir ses animaux, et surtout les deux chevaux de Przewalski qui lui restent, et dont elle est convaincue qu'ils sont les derniers représentants de leur espèce, l'adolescente de quatorze ans est convaincue qu'elles n'y arriveront pas étant donné la dégradation continue des conditions météo, et qu'il faut partir.

Le choix de l'autrice lui permet de retracer l'histoire des takhi (leur nom mongol), ou du moins celle de leur interaction avec les humains, de la fascination à la quasi-extermination et aux essais de reconstitution de l'espèce au travers des animaux nés en captivité. Ceux que le sujet intéresse, et qui voudrait en savoir plus, peuvent commencer par consulter la page Wikipedia consacrée au cheval de Przewalski.

Les personnages sont bien individualisés, et leurs motivations sont crédibles, au moins pour ceux qui portent les deux lignes temporelles les plus anciennes, dont le rapport personnel aux chevaux est mis en relief. J'avoue avoir eu plus de mal avec Eva. Il n'empêche que le style des différentes intrigues est assez différent pour que la lecture soit plaisante de bout en bout. Par ailleurs, la partie qui se déroule au XXIe siècle alerte sur l'extinction de masse déjà en cours, notamment la quasi-disparition des abeilles, et ses conséquences, et sur le changement climatique. De ce fait, même s'il y a moins d'action, et qu'on y voit moins les chevaux - assez logiquement, en fait - que dans les deux autres, cette ligne temporelle présente son propre intérêt.

Ce roman est à la fois agréable et instructif, et je ne peux que suggérer de le glisser dans une valise à ceux qui se prépareraient à partir en vacances.