En 1942, la France est en pleine période d'occupation. Les Allemands ont la main-mise sur tout, y compris sur le cinéma. Une société allemande a vu le jour sous le régime nazi : la Continental-Films, avec pour ambition de "faire un beau cinéma français débarrassé des Juifs". La Continental veut enrôler Marcel Pagnol dans ce projet, qui voit son film La Prière aux Étoiles en cours de tournage menacé d'être absorbé par l'ennemi. Pour lui tourner le dos, le cinéaste vend ses studios à Gaumont et détruit les bobines du projet à coup de hache. Si ce film ne peut pas se faire et être distribué sans les Allemands, il n'existera pas du tout.
De ce film, il ne reste que des photos de tournage et peut-être le scénario. C'est pourquoi Nicolas Pagnol présente avec émotion cet album, qui lui permet de mettre des images sur le film perdu de son grand-père.
La Prière aux Étoiles devait constituer une trilogie, chaque film portant le nom d'un des trois personnages principaux : Florence, Dominique et Pierre.
Florence rêve de cinéma. C'est une actrice qui a du mal à percer mais vit confortablement, entretenue par son amant issu d'une grande famille de Lyon. Il compte désormais l'épouser, en lui demandant néanmoins d'abandonner sa carrière de comédienne, position guère convenable dans son milieu. Jusqu'à présent, Florence profitait des largesses de Dominique, qui ne lui demandait rien de plus que des nuits d'amour. Mais la perspective du mariage la met au pied du mur : il est temps de lui dire qu'elle ne l'aime pas, qu'elle ne l'a jamais aimé, et que chaque soir elle fait sa prière aux Étoiles, leur demandant d'exaucer son rêve de grand amour.
Ce grand amour va se présenter à elle sous les traits de Pierre, un compositeur désenchanté rencontré à la Foire du Trône. Un amour à côté duquel ils seraient certainement passé si la diseuse de bonne aventure ne les avait pas mis sur la piste. Car tous deux ont un point commun d'importance : chacun porte sa prière aux Étoiles.
L'histoire d'amour est au premier plan dans cet album, mais ce serait une erreur que de le cantonner à cela. C'est une histoire d'émancipation féminine, d'honnêteté envers soi-même et de foi en ses rêves. Le personnage de Florence est charismatique ; elle est belle, forte et déterminée. En même temps elle est romantique à l'extrême et attend avec ferveur l'homme qui la rendra heureuse. Pour autant, son dévouement bascule dans l'excès et on se demande comment cela va évoluer dans le deuxième tome de ce diptyque..
Un deuxième tome que j'attends avec impatience, totalement conquise par l'histoire, les personnages, l'ambiance et les très belles planches de ce premier volet.
