Coment devient-on raciste ? est une bande dessinée sociologique mettant en avant deux femmes, l'une professeur en anthropologie génétique, Evelyne Heyer, et l'autre historienne, Carole Reynaud-Palligot. Elles sont les autrices de ce scénario. Ismaël Méziane leur apporte ses dessins et ses couleurs ainsi que son expérience de vie. Le but : comprendre la mécanique de la haine pour mieux s'en préserver.
Ismaël Méziane a mêlé ses histoires personnelles à une profonde recherche en science sociale et génétique. Il y révèle sa colère contre l'exclusion et sa colère post-attentat contre Charlie Hebdo. Pour lui, c'est une réelle thérapie, il avait besoin de comprendre les mécanismes de la haine pour pouvoir s'en sortir.
Les deux historiennes vont nous expliquer à différentes reprises quelles sont les étapes de la construction du racisme, et ce en trois parties : la catégorisation, un acte normal de notre cerveau qui catégorise les choses ; la hiérarchisation, en effet on hiérarchise les autres groupes comme étant différents de soi ; et enfin l'essentialisation, c'est-à-dire quand nous réduisons l'individu à son essence : le blanc est fin, le jaune est vicieux, le noir est indolent, le rouge sauvage... Le danger est là : on attribue des stéréotypes, et l'engrenage se met en route.
Ismaël est face au monstre, tout ce qu'il a engrangé depuis tout petit, doit ressortir, il faut comprendre et apprendre. Cette bande dessinée nous révèle les causes du racisme qui entachent fortement notre société aujourd'hui. Tout y est bien construit et expliqué. Attention toutefois à ne pas se mélanger les pinceaux. Il faut rester concentré car tout ce vocabulaire sociologique nous fait parfois défaut. Les dessins aident beaucoup. Les graphiques sont simples et c'est tant mieux vu la lourdeur du sujet. Ismaël Méziane n'hésite pas à expliquer par des schémas très utiles.
Ce livre fait suite à l'exposition "Nous et les autres. Des préjugés au racisme", conçue et réalisée par le Museum national d'histoire naturelle au Musée de l'Homme, du 31 mars 2017 au 8 janvier 2018 sous le patronage de l'Unesco. Cet album est une très bonne prise de conscience. Il est chargé en émotions. C'est un ouvrage efficace et qui est malheureusement plus que nécessaire de nos jours.
