Les Chroniques de l'Imaginaire

Ivre du Japon - Nishi, Jean-Paul

Ivre du Japon est un manga en un tome tiré d’une histoire vraie, celle de Karen qui, en 1996, choisit un peu par hasard d’aller passer cinq semaines de vacances au Japon. Destination semble-t-il peu prisée à l’époque par les Européens. Pour passer un meilleur séjour et pour mettre toutes les chances de son côté, Karen entreprend même d’apprendre le japonais afin de mieux se débrouiller en arrivant là-bas.

Et quand elle atterrit enfin au Japon, c’est un véritable choc pour la jeune femme qui tombe instantanément amoureuse du pays. Tout la fascine : les habitants, les villes, la technologie, tout lui parait nouveau et mieux qu’en France, et elle décide qu’un jour elle vivra et travaillera au Japon.

Ce sera chose faite quelques années plus tard et ce manga - écrit et dessiné par celui qui est devenu son mari - raconte toutes les étapes qui ont conduit Karen là-bas. De son premier voyage à son premier job, de la vie qu’elle se construit, alternant séjours en France et séjours au Japon, à sa rencontre avec son mari, on suit son histoire et les découvertes qu’elle fait sur son pays adoptif.

Globalement, j’ai bien aimé ce manga. Il nous montre un peu comment la technologie a pu évoluer depuis le milieu des années 90 à nos jours, mais nous montre surtout l’amour que porte Karen au Japon. On comprend rapidement que ce fut un véritable coup de foudre pour la jeune fille, et c’est très bien retranscrit dans les scènes qui sont racontées.

En parallèle, on découvre que son mari, lui, a fait un séjour en France, à Paris, et qu’il en garde un souvenir assez mitigé. Cette dichotomie est assez intéressante, car lui n’a pas du tout envie de venir s’installer en France, tandis que Karen veut rester au Japon.

Ce qui m’a le plus gêné dans ma lecture, c’est le « trop ». Trop d’enthousiasme pour le moindre détail japonais, trop de comparaisons avec la France (qui se révèlent quasiment toutes négatives pour notre pauvre pays) et pas assez de recul global sur son pays d’adoption.

Alors oui il y a bien un chapitre sur le fait que les puéricultrices de la crèche jugent Karen car elle travaille et qu’elle est moins attentive aux détails que les mamans japonaises, mais pour le reste rien du tout. On reste dans une sorte de « pays des merveilles vu au travers des yeux d’une Française ». Alors oui on est content qu’elle soit heureuse dans son pays d’adoption, mais on aimerait aussi qu’elle ait un peu plus de recul sur les soucis qu’on y trouve. Par exemple, la catastrophe de Fukushima y est évoquée, mais on ne retient que les récriminations de Karen qui râle parce que les dépêches qu’elle envoie seraient mal traduites et mal utilisées par les médias européens.

Un manga à lire pour tout ceux qui aiment le Japon et qui veulent savoir comment une Française s'y est expatriée et a construit sa vie là-bas.