Shoya a une dizaine d’années et s’ennuie à l’école. Il s’ennuie un peu partout en fait, au point de se créer des « épreuves de courage » à surmonter afin de rendre la vie moins ennuyante. Quand leur instituteur leur annonce qu’une nouvelle élève va arriver dans leur classe, il se dit que, peut-être, les choses vont changer.
Il n’a pas tort. Le jour où Shoko arrive dans leur classe, lui et ses camarades découvrent, stupéfaits, qu’elle est malentendante. Elle communique avec son entourage grâce à un cahier où elle écrit ce qu’elle a à dire, et où ses interlocuteurs peuvent lui répondre. Elle prend donc place dans la classe et tout bascule.
En effet, très rapidement, sous l’impulsion mauvaise de Shoya, elle se fait harceler au quotidien. Le garçon n’a de cesse de lui créer des ennuis, lui volant et détruisant ses prothèses auditives, la bousculant, et il entraine avec lui quasiment toute sa classe. Shoko ne réagit que très peu et tente tout de même de se faire des amis au sein de la classe, mais c’est peine perdue. Le harcèlement s’amplifie et elle est obligée de quitter l’école. À la suite de son départ, c’est Shoya qui est ostracisé, tous ses camarades l’accusant d’avoir été l’instigateur et le principal protagoniste du harcèlement organisé.
Shoya se retrouve donc seul et, pendant longtemps, ne comprend pas pourquoi c’est lui qui est pointé du doigt. Plusieurs années se passent et il demeure solitaire, sa réputation l’ayant précédé au collège, personne ne veut être vu avec lui.
A dix-sept ans, il décide de demander pardon à Shoko et de se racheter en lui ramenant le cahier grâce auquel elle communiquait quand ils étaient enfants. Il part donc à sa recherche et se présente un jour à elle à la sortie de l’école…
Je n’ai pas lu le manga originel, ni vu l’anime tiré du manga, mais on peut saluer le travail qui a été fait sur le sujet du harcèlement tout au long du livre. En effet, on voit bien l’escalade de violence au sein de la classe. Cela commence par des moqueries, et cela va jusqu’à porter atteinte à l’intégrité physique de Shoko.
J’avoue que je déteste le personnage de Shoya. Dès le départ, il est antipathique. Il ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez, et il est présenté avec des idées assez fermées et il ne pense qu’à s’amuser. Ce qui est normal pour un enfant d’une dizaine d’années, mais qui l’est moins quand il grandit.
Il n’arrive pas à comprendre Shoko, et c’est en partie à cause de cela qu’il va commencer à la harceler. Ce qui est plus grave, je trouve, c’est que leur professeur ne fait pas grand-chose pour arrêter ce harcèlement, ce qui conforte Shoya dans ses pratiques. Sans conséquence, donc en toute impunité, il va harceler Shoko quotidiennement, sans comprendre le mal qu’il lui fait.
Il faudra qu’il soit ostracisé comme elle pour commencer à se remettre en question. Et encore, cela prend du temps, car il est très occupé à s’apitoyer sur lui-même.
Shoko, quant à elle, pratique ce que j’appelle la défense de la tortue. Elle se renferme sur elle-même, ne riposte jamais, mais tente de prendre tout du bon côté dès que c’est possible. Comme elle a du mal à communiquer correctement, et qu’elle n’arrive pas à comprendre pourquoi les autres lui veulent du mal, elle se révèle être une victime très facile à harceler.
C’est un roman dur à lire. A cause du sujet qui est très sensible, mais aussi à son traitement et à l’apparente immobilité des adultes autour de ce qui se passe sous leurs yeux. Seule la mère de Shoko semble prendre à cœur ce qui arrive à sa fille, au point de gifler Shoya, qui la bien mérité, il faut l’avouer. L'ensemble du harcèlement est très bien décrit, avec la montée en puissance des brimades et l'effet de groupe est très bien reproduit, au point de mettre mal à l'aise le lecteur.
Même quand Shoya décide de se racheter, il ne sait pas comment faire, et certaines de ses réactions semblent étranges. Je pense que c’est dû au fait que le roman est tiré directement des mangas, qui sont des supports visuels forts, et que dans ce cas précis, les descriptions ne peuvent pas avoir le même impact qu’une image. Certains planches de l’œuvre originelle sont reproduites dans le livre, et elles m’ont assez intrigué pour me donner envie de lire les mangas.
À noter que la couverture amovible du livre est réversible, avec un recto très sobre, et un verso représentant une couverture façon manga, ce qui ravira les fans qui pourront placer le livre à côté de leur série favorite sans dépareiller l’ensemble.