Les Chroniques de l'Imaginaire

Limbus patrum (La Brigade du surnaturel - 1) - Impala, Floriane

4ème de couverture de l'éditeur :
Quand un inconnu s’introduit dans son appartement, la vie de Claire Desfontaine bascule. D’abord sur le canapé, puis sur le siège en cuir d’une berline années 60 pour un road trip sanglant vers les limbes. Car le bellâtre qui vient de braquer son intimité n’est pas de ceux à qui l’on refuse sa main : envoyé par le Big Boss des Enfers lui-même pour résoudre une affaire de meurtres en série parmi ses ouailles démoniaques, il est bien décidé à faire de Claire, inspectrice de la Brigade de la Magie et du Surnaturel, sa coéquipière. 
Il faut dire qu’elle est la meilleure et que le chronomètre est serré... 
Et pendant que ce duo improbable arpente les ponts entre les mondes à la recherche du cinglé qui saccage les demi-dieux, la terre continue de sombrer lentement dans le chaos des Surnat’, ces humains contaminés par une magie vicieuse qui les dope à l’extase avant de les shooter à la folie. 
Et rien, à part le Smith & Wesson et les deux doigts de l’inspectrice Desfontaine, ne semble en mesure d’arrêter ce carnage.

Le pitch de départ de l’histoire semblait sympa. Une histoire d’incube qui demande de l’aide à une humaine pour résoudre une affaire, l’histoire aurait pu être intéressante. Oui mais c’était compter sans la plume de l’auteure qui se révèle maladroite et plutôt lourde dans l’ensemble. Mais nous y reviendrons juste après.

Car d’autres points sont problématiques.

Petit florilège de ce qui ne va pas : du côté de l’éditeur, il y a un gros souci de relecture et de travail éditorial sérieux. L’autrice emploie des mots ou des expressions dont elle ne connaît visiblement pas les vraies définitions. Et le relecteur/éditeur ne les a pas relevées et n’a donc pas effectué les corrections adéquates. Le souci ? C’est que cela me sort instantanément de ma lecture car mon cerveau buggue façon « heu, elle a voulu dire quoi, là ? ». Et pas dans le bon sens du terme.

Par exemple « apologue » dans l’extrait « Elle sera l'apologue de ton nouveau départ, de ta renaissance. C'est une promesse. Celle de mon amour éternel. ». Comme je ne connaissais pas ce mot et que ma grande passion est d’apprendre toujours plus de vocabulaire (ça peut toujours servir au trivial pursuit !), je file donc voir ce qu'est "apologue" : "petit récit visant essentiellement à illustrer une leçon de morale.". Ou encore (merci le Larousse) "Court récit en prose ou en vers, dont on tire une instruction morale". Rien à voir avec les fleurs ou ce que l’homme veut dire, j’imagine (ou alors je n'ai pas compris la leçon d'art floral et de "comment déclarer sa flamme en offrant des fleurs").
Mais ce n’est pas tout. Page 86 de l’epub, je constate qu’un homme peut être « fusé » dans un costume. Le passage en question : « Son corps mince, mais athlétique, est fusé dans un costume trois pièces ». Vérification faite (je ne suis pas à l’abri d’ignorer un sens peu usité d’un mot), je pense que l’autrice a voulu dire « coulé » ou « moulé » ? Je reste donc dubitative sur la tenue du monsieur.
Toujours plus loin « « L'atmosphère hume les grains torréfiés et les cookies chaud" ». Une atmosphère ne hume pas. Sauf si elle respire elle-même, ce qui, dans le cas présent, ne semble pas être la norme, même dans un monde où le surnaturel existe.
« rentrer de suite » : la jolie faute que même mon simple correcteur Word n’aime pas !
« Les balises qui cernent vos yeux ». Là, j’avoue, j’ai éclaté de rire. J’imaginais les balises orange et blanche qu’on trouve sur les routes pour indiquer les endroits problématiques.

Bref, je me suis arrêtée à la page 107 sur 385 après avoir constaté que la couleur des yeux de l’incube passe du bleu outremer au céladon pour revenir au turquoise. Le céladon étant, de base, une couleur verte. Une petite définition du Robert « vert céladon, vert pâle. — nom masculin Porcelaine chinoise de cette couleur.» Bref. Je m’arrête là (de toute façon je n’ai pas lu plus loin). (oui j'ai mis deux fois "bref" dans mon paragraphe, c'est dire si je veux faire court !).

Du point de vue purement technique, un epub qui fait 12 Mo, ce n’est pas du tout la norme (même mon intégrale de Zola n'atteint pas ce poids). Surtout que le même fichier, en format PDF, n’en pèse que 4. En allant fouiller plus loin, je me suis rendu compte que les dessins qui sont à la fin de certains chapitres sont en format PNG au lieu de JPEG. Dessins inutiles d’ailleurs, car malgré le poids du fichier, le rendu à l’écran est un carré d’environ 2cm X 2cm, illisible.

Page 76 de l’epub, la phrase « Vous avez de la chance que ma fatigue ne me permette pas de réfléchir à propos de la théorie de la relativité générale et de la courbure de l’espace-temps. » comporte un lien hypertexte. Lien qui renvoie au début du chapitre sur la liseuse (pour quelle raison ? Mystère), et qui fait carrément planter sur PC le logiciel qui me sert à lire les epub (la liseuse de Calibre en l’occurrence). Ce lien hypertexte n’apparait pas dans le fichier PDF.

Et un autre détail : en typographie, quand on évoque un siècle, on l’écrit en capitales bas de casse et pas en minuscules.

L’autrice a été découverte sur Wattpad pour son précédent roman. Il est clair qu’elle a bien intégré les codes de cette plateforme, mais que le passage au format papier souffre d’un manque de relecture et de travail pour en faire quelque chose d’agréable à lire sous ce format. Le style est maladroit, avec beaucoup de tell et pas assez de show, le participe présent est omniprésent, ce qui alourdit le texte, et il y a beaucoup trop d’adverbes un peu partout. Sans compter qu’elle noie des bribes d’informations sous des torrents de détails inutiles, et que, parfois, elle nous assène une « révélation » sans qu’on puisse comprendre d’où cela sort (le passage avec le contrat de Satan et le père de Claire par exemple).

Donc une grosse déception pour ce livre que je n’ai pas pu terminer tellement il m’insupportait. Le style est très lourd, et des coupes dans le texte auraient été bienvenues pour l’alléger et rendre le tout plus digeste. Les personnages principaux sont des caricatures de mauvais héros d’histoires fantastiques, et les dialogues entre eux, qui se veulent drôles, tombent à plat. Cela donne juste envie d’en prendre un pour taper sur l’autre et les faire taire.

Je passe mon tour pour la suite.