Mark Slaska, agent martien, est tiré d'hibernation au moment où Le Serpent des Neiges approche enfin d'Alsafi c, sa destination, dans le système de Sigma Draconis. Avec Karen Tang, l'envoyée de Vénus, ils prennent une navette pilotée par Linéa, la Jupitérienne, pour se rendre à bord de L'embrun17, le vaisseau qui avait apporté sur Alsafi c les colons précédents. Leur mission est de résoudre l'énigme de cette arrivée. En effet, alors que Vénus vient à peine de réussir à développer vraiment l'antimatière permettant le vol spatial, il semble que L'embrun17 ait été... téléporté, à défaut d'un meilleur terme, de dix-neuf années-lumière. Certes, les habitants du vaisseau croyaient en la toute-puissance de la déesse Adrasté, mais il doit quand même bien y avoir une explication rationnelle.
Dayani s'enfuit de Midim'a le jour de son mariage. Elle a toujours su qu'elle serait obligée de se marier, et de faire des enfants, comme tous les habitants de Velloa, où le pool génétique est terriblement restreint, mais elle n'y a jamais vraiment consenti, et elle croit à ce rêve que son père lui a transmis d'une ville qui existerait sur le continent Nord. Aussi, avec ses amis Natcha et Lorak, s'embarque-t'elle à bord d'un vaisseau prêt à traverser l'océan vers le continent Nord. Mais rien ne se passe comme prévu, au point que ce sont des démons qui la sauvent du Réprouvé qui voulait lui faire un mauvais parti.
Le changement de point de vue bien maîtrisé donne accès de façon plaisante à chacun des personnages principaux de cette histoire, et permet de les voir évoluer, ainsi que leurs relations. Ce parti pris donne également une vue privilégiée des différentes sociétés représentées, avec leurs qualités, leurs défauts, et les raisons de leur état présent, même si j'aurais voulu en savoir bien plus sur la situation vénusienne, qui m'a semblé la moins développée. Même si le roman est situé dans un futur relativement éloigné, la situation politique a des échos très actuels, avec des privilégiés qui bénéficient d'une qualité de vie égale ou supérieure à celle qui prévaut à l'heure actuelle dans les classes aisées occidentales, et les autres, qui n'ont à peu près rien, même pas une planète où se poser, et qui de surcroît sont traités de "Blattes". De ce fait, on peut s'y projeter très facilement.
L'action est quasiment incessante, mais entrecoupée d'assez de moments de pause pour ne pas essouffler le lecteur. Il s'agit d'un space-opera de bonne facture, et il comporte son juste lot d'aliens plus ou moins aliens, avec des personnages plus ou moins convenus, mais néanmoins crédibles et intéressants. En somme, c'est une très bonne lecture de distraction, à glisser sans hésitation dans sa valise pour partir en vacances.