Alex et Antoine, la quarantaine, vivent tranquillement ensemble depuis vingt ans dans la région nantaise. Cela fait sept ans qu'ils ont ouvert des chambres d'hôtes dans leur domaine des Bruyères, et à chaque fois une angoisse sourde étreint Alex quand des clients arrivent. Lorsqu'elle était jeune, elle a été hospitalisée en psychiatrie et depuis elle préfère éviter le plus possible ce qui perturbe son petit monde tranquille et ses habitudes avec sa famille. Mais aujourd'hui, elle est obligée de prendre sur elle car un hôte arrive dans la journée. Celui-ci arrive par surprise pendant qu'Antoine et leurs filles sont partis. Pour décontenancer encore plus Alex, ce visiteur n'est pas un inconnu, il s'agit du célèbre écrivain Charles Berrier, aussi connu pour ses romans que pour son caractère bourru et son franc-parler. D'abord distante, Alex finit par se laisser apprivoiser par ce personnage qui a séduit toute la famille même s'il peut être parfois omniprésent. Le soir de sa fête d'anniversaire, Berrier tente de la violer, mais Alex en se débattant le tue par accident.
Paniquée par les conséquences de son geste, elle dissimule le corps de l'écrivain et fait croire qu'il a quitté sa chambre précipitamment. D'abord surpris, Antoine ne pose pas trop de questions, mais il finit par remarquer que quelque chose a changé chez sa femme. Il l'interroge mais Alex lui annonce qu'elle part pendant plusieurs semaines ; qu'il ne faut pas lui demander pourquoi mais qu'elle reviendra.
Elle a décidé de continuer de faire exister Charles Berrier au travers des réseaux sociaux, et de s'infiltrer dans son entourage pour chercher qui pourrait être tenté de l'assassiner. Les faits lui imposant un changement radical de vie, d'apparence et de caractère vont lui permettre de donner libre cours à une autre facette de sa personnalité oubliée.
L'idée de départ du roman m'a attiré d'emblée : comment continuer de faire vivre un personnage public tout en cherchant un potentiel coupable qui pourrait être responsable de sa mort. Le changement de personnalité du personnage principal pouvait aussi apporter un plus en permettant à son côté obscur de prendre le dessus sur la gentille et effacée Alex. Mais malheureusement, je n'ai pas vraiment été convaincu par ce changement radical qui me parait peu crédible à cause du trop grand écart entre les deux faces du personnage. Ensuite, nombre d'invraisemblances dans les actes et dans le déroulement de l'histoire m'ont laissé sur ma faim. C'est vraiment dommage car l'idée était était excellente et le début de l'intrigue était bien amené. Les personnages d'Antoine, de Charles Berrier et celui d'Alex, d'avant la tentative de viol, étaient plutôt intéressants et donnaient de la consistance à l'histoire. Mais le double d'Alex m'est vite devenu antipathique, trop de différences entre les caractères et une famille vite oubliée ont nui à l'attrait du personnage principal. J'ai trouvé aussi que la satire du monde littéraire et de ses acteurs était un peu trop caricaturale même si l'on se doute que ce type de personnes existe vraiment mais là, c'était un peu trop. Au passage, Elsa Marpeau en profite aussi pour égratigner le fonctionnement des réseaux sociaux, leur puissance d'influence et pointer leur pouvoir de nuisance.
Quant à la fin, elle me semble bâclée, l'intrigue se terminant de manière un peu abrupte. La façon dont le personnage principal fait disparaître l'écrivain est invraisemblable car jamais dans la réalité elle ne s'en sortirait si facilement...
Au final, cela laisse une impression de gâchis, car ce roman se lit rapidement, le récit est rythmé et l'on a envie de savoir comment elle va s'en sortir. Cela aurait pu être tellement mieux, et laisse penser que cette histoire serait plus appropriée pour un scénario de téléfilm.
