Je crois, chers lecteurs, que nous nous sommes bien faits berner sous toutes ses formes avec les légendes américaines. Oui, il est peut-être temps de regarder la vérité en face. C'est ce que Bruno Duhamel nous propose dans Fausses Pistes.
Jake "Wild Faith" Johnson est une légende du Far-West, Franck Paterson Junior le sait. Il incarne ce héros de la troisième séance dans un spectacle d'une ville reconstituée pour que les touristes, fans de westerns se retrouvent au beau milieu d'un règlement de compte entre pistolets et santiags. C'est sa vie depuis quinze ans. Il est Jake ! Rien ne changera.
Jusqu'au jour où la direction le trouve trop vieux à quarante ans pour le rôle et le remercie. Un voyage lui est offert pour admirer les décors réels de l'Ouest. C'est dans le Grand Canyon que Franck va essayer de faire face car la vérité se révèlera au fur et à mesure que ce voyage monte en tension jusqu'à complètement virer à la catastrophe. Frank n'est pas un chasseur de primes mais est sur la piste du vrai Jake « Wild Faith » Johnson.
Nous avons été bercés, moi la première, par les charmantes gueules des acteurs d'outre-atlantique qui nous vantaient un cinéma aux légendes inégalables, une Amérique pure et profonde et juste.
Duhamel revisite le grand ouest américain avec sa palette de personnages charismatiques au complet, écorne les clichés, ajoute les fake news, secoue tout ce petit monde et nous laisse pantois car nos repères tombent, les mythes fondateurs s'effondrent, et le Western devient un beau mensonge.
Les dessins sont maîtrisés, les décors asséchés que l'on rêve de voir de nos propres yeux dans une vie y sont magnifiques et saisissants. Les planches remontant dans le temps sont simplement réalistes, on est devant notre écran.
On sent que Duhamel, amoureux du genre, s'est régalé à nous dévoiler cette Amérique blessée, qui a perdu ses repères. Le rideau est tombé et le film est terminé, on a fini de rêver ! Pauvre héros naïf ! Pauvre Jack ! Pauvre Amérique !
