C'est dans les Alpes qu'Anna Laurens est toujours dans la découverte de l'existence de Dover Winston Smith. Avec l'aide d'un local, elle décide d'entreprendre la randonnée que Smith a empruntée une dizaine de jours plus tôt, avant qu'il n'y ait plus de nouvelle le concernant... Il est évident que Dover, alors âgé de plus de soixante-dix ans, a tenu à retrouver Julia Wilkinson, celle qu'il aura aimée, et avec qui il aura eu Edna.
Si on peut douter de la capacité physique de Dover à entreprendre cette randonnée, Anna prête beaucoup d'importance au mental de l'ancien d'Eton... C'est ainsi l'occasion d'apprendre que Dover a fait près de trois ans dans un goulag, en Russie, après avoir été arrêté à Berlin en été 1945, alors même que les Russes étaient encore les alliés des Anglais, Français et autres Américains... La Guerre Froide a démarré bien tôt, notamment en cherchant à récupérer un maximum de scientifiques allemands. Et c'est en essayant de reprendre contact avec l'un d'entre eux que Dover s'est fait prendre...
Après avoir vécu quelques années en enfer avec cet épisode, Dover a pu revenir en Allemagne, y retrouver Dickie Spencer, puis en Angleterre. Ne pouvant supporter de rester auprès de Meredith, c'est chez Eric Blair, plus connu sous le nom d'Orwell, alors en Ecosse, que Dover se rend. Il va passer quelques semaines chez l'auteur célèbre, notamment depuis La ferme des animaux. Orwell vit simplement, éloigné du monde, avec sa sœur, Avril, et avec Richard, son fils adoptif. Eileen est décédée, et la santé d'Orwell n'est pas au beau fixe. Pourtant, l'auteur est en train d'écrire un roman d'anticipation, et c'est Dover qui, un soir, en trouvera le titre : 1984... Orwell et Dover passeront beaucoup de temps ensemble, et Dover livrera tous les secrets de sa vie à Orwell. Des secrets qui feront bien des clins d'œil, dans le roman 1984...
Et puis, il y a le final, que je ne souhaite pas dévoiler ici, bien entendu. Un final d'une série de Guillaume Martinez et de Christian Perrissin, qui nous auront régalés durant ces cinq tomes. Il est à noter qu'un sixième tome était initialement prévu, dont nous aurons un résumé ici. Sans doute une décision sage et éclairée, mais que je ne peux m'empêcher de regretter, tant cette série aura été un vrai plaisir à suivre. Il y était question de Dover à Hollywood, et de sa rencontre avec Bogart et Audrey Hepburn, entre autres, et cela aurait sans doute été très intéressant à suivre également.
Toujours est-il que ce dernier tome de Une vie : La biographie retrouvée est le digne final que l'on pouvait attendre de cette série : la narration y est pleinement maîtrisée, avec ces plusieurs flashbacks qui conduisent à un dénouement qui est d'une grande beauté. Les dessins de Guillaume Martinez et les couleurs de Jean-Jacques Rouger sont toujours aussi réussis, faisant la part belle aux expressions convaincantes, aux personnages attachants et crédibles, et à certains décors de toute beauté, dans les nombreux lieux encore visités dans ce tome.
Une vie : La biographie retrouvée est une série magnifique, encore une qui aura été éditée chez Futuropolis !