Adam Vollmann, journaliste au New Yorker, aperçoit sur les écrans géants de Times Square le portrait d'un homme recherché par la police pour le meurtre d'une jeune adolescente. Adam est stupéfait car l'homme recherché, il le connaît : c'est Ethan Shaw, la star du lycée où il a étudié à Drysden, et son seul ami à l'époque. Adam est bouleversé et refuse de croire à sa culpabilité, ce n'est pas possible que le garçon qu'il a connu et aimé puisse faire une chose pareille. Prétextant l'écriture d'un article concernant le traitement de l'affaire par les médias, il décide de retourner à Drysden pour enquêter et tenter de sauver Ethan, livré en pâture devant l'Amérique entière. Mais une fois sur place, le journaliste constate des contradictions dans les témoignages et plus mystérieux encore, personne ne connaît la victime. En poussant plus avant ses recherches, ses certitudes sont ébranlées et ses interrogations plus nombreuses encore, Adam commence à douter de tout le monde et de lui-même.
Comment classer ce livre fut mon interrogation à la fin de la lecture. C'est un ouvrage à mi-chemin entre l'essai philosophique et le polar, voire même l'essai sociologique et cela ne m'a pas vraiment passionné. Pourtant, la quatrième de couverture promettait "un thriller puissant" et "un tour de force intellectuel", et bien ce livre m'a ennuyé et j'avoue avoir sauté plusieurs fois quelques lignes. Les nombreuses digressions et flashbacks rendent la lecture parfois fastidieuse et n'enrichissent pas le récit. Pourtant, lorsque l'auteur s'interroge sur la construction des fake news, sur notre dépendance aux réseaux sociaux et le pouvoir de l'image dans notre monde ultra connecté, je partage ses interrogations. Malheureusement les questionnements philosophiques du personnage sur la réalité, plutôt que d'enrichir le récit, sont vite lassantes et l'on s'éparpille rapidement dans la lecture et l'intrigue. La première partie du récit est plutôt limpide alors que la deuxième partie plonge vers un côté nébuleux, voire abscons. On peut presque faire la comparaison de la lecture de ce roman avec le visionnage de certains films de David Lynch, une idée intéressante mais un traitement qui intellectualise trop le sujet.
J'aime quand un auteur nous propose de réfléchir, pas quand il nous égare complètement sous couvert de réflexion et de métaphores philosophiques. A force de mélanger les genres, on ne sait plus sur quel pied danser et à quel type d'ouvrage nous avons affaire. De plus, la fin me laisse sur ma faim, et je ne comprends toujours pas l'intérêt de la chute de l'histoire qui nous laisse avec une quantité impressionnante de questionnements. Alors oui, certaines lectures sont censées nous rendre plus intelligent et faire marcher un peu plus notre cerveau, mais cette lecture, avec ses personnages froids, son écriture qui multiplie les références culturelles et ses réflexions philosophiques, m'a laissé de marbre. Quant à réfléchir sur l'hyper connexion ou la réalité et la manipulation des masses, je préfère de loin le traitement qui en a été fait dans une série britannique : Black Mirror, qui non seulement nous force à nous interroger mais reste à la portée de tout le monde et des béotiens.