Les Chroniques de l'Imaginaire

301 - Goliat

Ils sont 301 orphelins élevés au sein d'un programme secret américain, les préparant à partir coloniser une exoplanète lointaine. En 2038, la fin de la vie sur Terre - "la Grande vague" - a eu lieu, alors le vaisseau Phoenix a emporté ses passagers endormis pour que l'humanité survive à travers eux. Plusieurs siècles plus tard, il s'est crashé à l'atterrissage mais les cocons où dormaient les voyageurs ont survécu... et ont été récupérés par les descendants d'un autre groupe de pionniers, partis eux aussi secrètement mais un peu plus tôt, et ayant peuplé la planète Eva. A son réveil, Pegaze apprend qu'il est le premier à être sorti de son sommeil artificiel. Accueilli en héros, il va vite découvrir que les apparences sont trompeuses et que tout n'est pas aussi idyllique qu'il y parait.

Avouons tout de suite que je n'ai pas été très convaincue par cet ouvrage. L'histoire est un peu creuse, et surtout ma la lecture a été laborieuse.

Pegaze est un personnage peu sympathique. Il a mauvais caractère, est emporté, parle grossièrement et semble agresser verbalement toutes les personnes à qui il parle... ("T'est un quoi, mec ? Un gardien éternel, c'est quoi ça encore ? En plus c'est quoi cette caisse [...] ?", p. 55). Le pire, c'est qu'il en a conscience puisque on le voit dire plus tard "Excuse-moi d'avoir agi comme un connard depuis notre première rencontre." (p. 93), mais il ne semble pas décidé à faire d'efforts pour s'améliorer. Je n'ai donc pas réussi à m'y attacher.
Les autres personnages n'ont pas été assez creusés pour me séduire non plus, même si certains ont du potentiel.

L'action est présente, avec des secrets et des rebondissements, mais noyée dans le bruit de fond. Tout semble prétexte à décrire dans les moindres détails la planète Eva (son histoire, ses technologies avancées...), l'éducation reçue par les 301, leur passé et leur voyage... L'intrigue est donc constamment entrecoupée de digressions, qui se présentent sous la forme de récits rapportés par les personnages ou même simplement comme ça. Même notre monde actuel est généreusement décrit, car l'auteur fait mine de s'adresser à des lecteurs du futur, mais avec des informations ou avis personnels dont on ne sait pas trop quoi faire. Pour illustrer ce que je veux dire, voici page 19 : "Le Phoenix est un vaisseau spatial de forme ovale, il ressemble étrangement à tous ceux que l'on pouvait voir dans les salles de cinéma du monde entier. Ces films étaient produits par des studios hollywoodiens comme la Warner ou la Paramount, ces sociétés de production recherchaient à tout prix une forte rentabilité. La qualité scénaristique n'était d'ailleurs pas toujours au rendez-vous", ou encore p. 102 : "Rob n'a pas l'uniforme typique du paysan originaire du Tennessee avec sa salopette en jean et ses bottes en caoutchouc. On dirait plutôt la fusion entre un Viking et un geek. Les geeks étaient un mouvement social d'individus très en vogue à l'époque où Pegaze vivait encore dans son appartement dans le centre de Washington.". Depuis, je m'interroge sur le tenue vestimentaire que l'auteur semble associer aux geeks, car ceux que je connais sont tout à fait ordinaires !

Plutôt que de nous proposer des descriptions de son cru, l'auteur préfère généralement nous renvoyer vers des images qu'il juge plus parlantes que ses propres mots : "l'attitude des soldats de la garde royale que l'on pouvait rencontrer à Londres lors de la visite du palais de Buckingham" (p. 33), "ces hommes sont tout droit sortis des comics imaginés par Stan Lee" (p. 38), "il a l'allure d'Arnold Scharzenegger dans le film Predator" (p.51), "une sorte de cousin éloigné de Chew-bacca et d'un mutant venu tout droit des X-men" (p. 52), "un croisement entre une DeLorean et l'une des Peugeot 307 conçu pour le film Blade Runner" (p. 54)... Cela donne un rendu un peu pauvre, je trouve, on n'a pas l'impression de découvrir un nouvel univers riche et intéressant mais plutôt une resucée mixant des trucs déjà vus et revus.
Peut-être que ceux qui adorent la musique ou le cinéma apprécieront les innombrables références à des morceaux musicaux ou des films, casées toutes les quelques pages sans que cela apporte quoi que ce soit à l'intrigue, mais ce n'est hélas pas mon cas.
Au final, j'ai trouvé que tout cela rendait le texte assez artificiel et plutôt ennuyeux.

La plume est simple et fluide, mais non exempte de soucis. On note par-ci par-là quelques fautes de français, notamment sur les mots homophones (type "en hottant son kilt", p. 48, ouille ça pique les yeux !) ou les accords. On voit également de manière régulière des phrases qui ont été scindées en deux, la virgule ayant été remplacée par un point.
Ajoutons que j'ai lu ce livre au format numérique (epub) et que cela m'a donné une claire impression de mal fini : les numéros de page sont restés insérés dans le texte et coupent les mots de manière impromptue (par exemple : "[...] dans de pe- -39-tites cages [...]"), il n'y a ni couverture ni la moindre metadata d'information générale, et les chapitres sont numérotés dans le désordre !

L'aventure présente un déroulé cohérent, même si j'ai trouvé que les aller-retours dans le temps de l'histoire n'étaient pas toujours bien maîtrisés. Puis arrive une fin abrupte, avec tout qui retombe comme un soufflé. L'histoire continue dans le roman suivant intitulé O, mais ce sera sans moi.