« Algérie française » : plus d'un demi-siècle après la signature des accords d'Évian et l'indépendance de l'ancienne colonie, l'association de cet adjectif avec ce substantif constitue toujours un sujet brûlant, chargé de douleur et de haine, de méconnaissance et de rancœur.
Dans ce livre, issu de cours donnés à la Sorbonne entre 2016 et 2017, l'historien Jacques Frémeaux s'efforce d'offrir un aperçu dépassionné des origines de la présence française en Afrique du Nord, de l'expédition d'Alger en 1830 jusqu'à l'éclatement de la Première Guerre mondiale en 1914. Son livre, ni trop court, ni trop long, accessible sans être appauvri, poussé sans être exigeant, constitue une excellente introduction à ce sujet pour un lectorat profane.
Historien français né à Alger en 1949, il s'appuie avant tout sur des sources françaises et son point de vue est plus détaillé du côté français que du côté algérien, sans que ce dernier soit ignoré ni même réduit à la portion congrue. Il faut dire que c'est une période où l'action est surtout française et la réaction, algérienne ; nul doute que la période 1914-1962, objet d'un second livre du même auteur, offre un tableau sensiblement différent.
Pas d'angélisme non plus : les intentions politiques et mercantiles des colonisateurs sont clairement exposées, de même que les massacres et autres atrocités dont les troupes françaises (mais aussi algériennes) se sont rendues coupables. L'exposé m'a paru parfaitement balancé et équitable sur ces points épineux. L'auteur insiste par ailleurs régulièrement sur la méconnaissance de la situation algérienne par les autorités métropolitaines, un facteur qui ajoute au tragique d'une histoire déjà bien servie à cet égard.
Le livre ne propose en guise d'illustrations qu'une poignée de cartes en noir et blanc. S'agissant d'une parution poche, c'est un choix compréhensible, mais ces cartes n'ont pas été réalisées exprès, elles sont reprises d'anciens ouvrages, ce qui fait que certaines sont difficilement lisibles en petit format. C'est un peu dommage, mais c'est bien le seul défaut que je puisse trouver à cet excellent petit livre.