L'Algérie française, suite et fin. Après un premier tome qui revenait sur l'invasion française, l'occupation et les débuts de la colonisation, l'historien Jacques Frémeaux décrit ici les cinquante années qui séparent la Première Guerre Mondiale de l'indépendance algérienne. Si elle ne s'est pas livrée sur le sol algérien, la guerre de 1914-1918 a impliqué de grands bouleversements, notamment à travers la mobilisation de nombreux Algériens musulmans. Cette expérience contribue à les émanciper et à réclamer davantage de droits à la métropole, ce qui donne lieu à quelques réformes politiques.
Les années 1930 sont marquées par les célébrations du centenaire de la présence française, dans des cérémonies que l'auteur qualifie d'« autosatisfaction coloniale », mais aussi par la montée d'un nationalisme algérien auquel les autorités françaises peinent à offrir des réponses, d'autant que la crise économique fait rage. La Seconde Guerre Mondiale porte un coup fatal au prestige de la métropole et engendre une certaine agitation qui débouche sur les massacres du 8 mai 1945.
Et c'est ensuite la marche inéluctable vers la guerre d'Algérie. Les pages que lui consacre Jacques Frémeaux sont particulièrement dures à lire, car même s'il ne se départit jamais de la distance de l'historien et du respect des sources, c'est un sujet dont l'étude n'a rien de plaisant. Violences en tous genres, attentats, torture, morts brutales, voici une page d'histoire dont personne ne ressort grandi.
L'auteur espère dans sa conclusion avoir contribué à rapprocher hommes et femmes de bonne volonté en dissipant les nombreux mythes qui entourent les cent-trente-deux années d'histoire qui séparent l'expédition d'Alger des accords d'Évian. C'est un espoir que l'on ne peut que partager et un livre qui mérite d'être lu.
(Au chapitre des détails, on regrettera l'absence totale de cartes, alors que le tome précédent, pourtant au format poche, en proposait quelques-unes. Une petite bizarrerie également : l'index, outil utile s'il en est dans un livre de ce genre, s'indexe lui-même, c'est-à-dire qu'il indiquera deux occurrences d'un terme n'apparaissant qu'une fois dans le texte : cette apparition, et la page de l'index où il figure. Sans doute une simple étourderie de mise en page.)
