Les Chroniques de l'Imaginaire

D'ombres et de cendres - Camedescasse, Jérôme

Au temps jadis, l'humanité, grisée de puissance et d'orgueil, a cru pouvoir s'élever contre les dieux. Mal lui en a pris : au terme d'une effroyable guerre contre les Géants, les humains, brisés, vaincus, durent se soumettre au châtiment des dieux. Frappés d'une effroyable malédiction, ils ne sont plus qu'une race méprisée et soumise, esclave des Alfars dans leurs cités souterraines.

Eydis est l'une de ces esclaves. Cette jeune fille est au service de Durdiin, un rejeton de la puissante maison Hatchnar. Contrairement aux autres humains, elle a reçu un entraînement poussé afin de devenir une Ombre, espionne aussi furtive qu'efficace, outil de choix dans les machinations de sa maison. Mais l'outil aspire à la liberté, quand bien même le prix à payer est élevé. Encore faudra-t-il qu'on veuille bien la laisser le payer...

Ce roman de Jérôme Camedescasse prend place dans un univers fortement inspiré par la mythologie nordique, avec des Géants, des Nains, des Elfes noirs, une magie runique et ainsi de suite. Ce n'est pas pour autant un simple décalque de ces mythes, l'onomastique en particulier témoigne d'autres influences que les sagas du Nord. Le ton est également bien différent : c'est un récit très sombre et désespéré, plein de personnages retors et d'intrigues à tiroirs (on pensera à des auteurs comme Roger Zelazny ou Steven Brust), des toiles d'araignée dans lesquelles Eydis, notre protagoniste, est perdue comme une pauvre mouche.

J'ai eu un certain mal à rentrer dans ce livre. On est plongé tout de go dans un univers dont les codes et les caractéristiques ne sont introduits que progressivement, et le style n'aide pas. Tout en longues phrases pleines d'adjectifs, d'adverbes et de subordonnées, il manque de rythme et de souffle, au point de donner souvent l'impression d'être près de s'effondrer sous son propre poids.

Heureusement, cette première impression a fini par se dissiper. Pleine d'astuce et de courage, Eydis est un personnage attachant (un peu trop porté sur l'autoapitoiement peut-être, mais qui ne le serait pas dans sa situation ?) et on a vraiment envie qu'elle se sorte de toutes les mauvaises situations que lui réserve une intrigue pour le moins retorse. La deuxième moitié du livre, davantage axée sur l'action que la première, offre également un style plus maîtrisé et agréable.

Je me suis donc surpris à finir avec plaisir ce livre. Avec un petit tour de vis du côté du style, ç'aurait vraiment été une petite pépite, mais même ainsi, il mérite votre attention pour peu que vous cherchiez un bon roman de fantasy qui se suffise à lui-même.