Ce numéro 71 de Galaxies SF questionne les liens entre réalité et virtualité, entre identité/intelligence humaine et artificielle.
Il s’ouvre avec une excellente nouvelle, Dans la boucle, du bien connu Ken Liu. Excellente mais glaçante. Kyra est une jeune femme dont le père est devenu fou à force de commander des drones chargés de tuer des ennemis. Les massacres, à distance ou non, sont loin d’être sans conséquences pour les êtres animés d’une once de conscience.
La seconde nouvelle Flora x Fauna, de Guillaume Laffineur, est elle aussi captivante mais dans un registre bien différent. Ce récit, qui a reçu le troisième prix du Prix le Bussy 2020, nous emmène dans un futur où les robots ont pris le pouvoir et où deux d’entre eux doivent se rendre à l’exécution du dernier être humain. Les périls sur le chemin sont nombreux, de même que les questionnements sur un monde post-humain.
Dans Par les yeux d’autrui, de N.R.M. Roshak, une humaine cohabite avec son nouveau partenaire amoureux, un alien qui ne perçoit ni ne communique tout à fait comme les Terriens. Compréhensions, incompréhensions, séductions et interdits font bien sûr partie intégrante de cette nouvelle qui se termine de manière inattendue et puissante. La description de l’espèce alien y est tout particulièrement soignée.
Les trois nouvelles suivantes figurent exclusivement dans les éditions numériques. Dans État de ruine, Caza nous plonge dans un monde sans logique apparente, où le protagoniste laisse derrière lui les décombres de ses identités passées pour s’envoler vers un monde nouveau. Dans Dragonload, de Xavier Watillon, le réel est également fort mystérieux mais le dénouement éclaire le parcours de son protagoniste. Dans le futur d’Apath, de Brice et Romain Le Roux, certaines personnes rejettent la greffe qui permet d’être en permanence connecté. Thomas est l’un d’eux et nous transmet son histoire.
AVAnt qu’il ne soit trop TARd clôt les nouvelles de ce numéro. Léa Silhol nous fait découvrir un univers virtuel addictif, mystérieux, et aussi cruel que la réalité.
Le numéro se poursuit avec un dossier Intelligence artificielle et science-fiction, coordonné par Denis Taillandier. Ce dossier comporte en premier lieu un article, écrit par Tony Sanchez, sur le lien entre la SF et l’intelligence artificielle, qui ravira ceux qui souhaitent creuser cette relation mais apprendra sans doute peu aux connaisseurs. Il est suivi d’une bibliographie sommaire sur l’intelligence artificielle puis d’un entretien de Denis Taillandier avec trois auteurs de science-fiction : Xia Jia, Olivier Paquet et Taiyō Fuji, qui illustre de manière fort intéressante les différentes visions possibles de l’intelligence artificielle. Cet entretien est en outre un bon prélude à Complicité, de Taiyō Fuji, et à L’Été de Tongtong, de Xia Jia, deux nouvelles qui clôturent le dossier en beauté.
Le grand article, écrit par Lucie Chenu, est consacré à Léa Silhol avec, outre son parcours et sa bibliographie, une interview. Il constitue un outil précieux pour tous : ceux ne la connaissant pas et pourront donc la découvrir, ceux qui ne sont pas à jour de toutes ses publications et pourront se les procurer et ceux qui l'ont lue de bout en bout et apprécieront donc son interview.
Le numéro s’achève sur un article d’Hugo van Gaert sur le manga Ikigami de Motorô Mase, la rubrique séries-graphies de Jean-Guillaume Lanuque, avec Didier Reboussin, les notes de lectures des dernières parutions SF et la critique des derniers films sortis.
